Elias Portolu de Graziela Deledda

Par Sylvie

1903

 

Editions Autrement

 

Ce livre est considéré comme le chef d'oeuvre de cet écrivain sarde Prix Nobel de Littérature, que j'ai découvert récemment avec le magnifique Le lierre sur l'arbre mort ; ce roman, d'une simplicité extrême, illustre avec brio les thèmes chers à l'auteur : sentiment du péché, culpabilité et besoin de rédemption.

 

L'intrigue est réduite à "peu" de chose : Elias, jeune homme de 23 ans, revient dans la maison de famille de Nuoro, après avoir été incarcéré en Italie. Il y retrouve ses parents et ses deux frères. Son frère aîné, Pietro va épouser la belle Maddalena. Mais au premier regard, Elias tombe amoureux de sa future belle soeur...

 

Doit-il fuir avec elle ou au contraire réprimer ses pulsions ? C'est toute cette tension qui fait le brio du livre. Loin du manichéisme, le héros est victime malgré lui de vouloir faire le bien. Souhaitant le bien-être de son frère, il préfère réprimer son amour et devenir prêtre. Résignation qui ne lui portera pas vraiment chance...Entre moralisme et diabolisme, l'oeuvre oscille. Un prêtre voulant faire le bien conduit finalement Elias vers le malheur alors qu'un repris de justice repenti lui conseille de suivre ses pulsions.

 

Que dire de ce chef d'oeuvre ?

Point de littérature savante, intellectuelle, c'est la simplicité même. Une langue simple, cristalline, qui parle directement à l'âme.

Des monologues décrivant magnifiquement les oscillations de l'âme croisent des dialogues savoureux.

Cela nous montre toute la richesse de l'écriture de Deledda. Réalisme et régionalisme ("vérisme" ) avec les descriptions des fêtes populaires (ici, les fêtes des saints locaux et le carnaval). Héritage de la littérature russe de Dostoievski avec cette intériorisation des personnages, cette dualité de leurs pensées et enfin, héritage de Shakespeare avec le mélange des genres : grotesque et tragique, drôle et dramatique, le pittoresque et l'universel.

 

Une oeuvre majeure à redécouvrir.