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Chabouté © Vents d'Ouest - 2006Novembre 1921. Plus de deux ans après son arrestation, l’un des tueurs en série les plus connus est jugé pour ses crimes. Le réquisitoire martèle Landru, met en mots tout le ressentiment des proches des victimes à l’égard de leur bourreau ainsi que l’effroi suscité par ces meurtres au sein de la population : « Barbe bleue », « monstre », « il faut supprimer ce rameau corrompu et pourri de l’arbre social ». Cet homme fait peur, ses actes horrifient… tous n’attendent qu’une chose : que la peine de mort soit prononcée.Chabouté ne nous fera pas vivre le procès mais il nous ramène en 1915, aux prémices de cette affaire. Chronologiquement, il repasse le fil des événements. Méthodiquement il nous décrit le personnage, son personnage car Chabouté nous démontre, une fois encore, que les seules certitudes auxquelles nous pouvons nous fier sont celles dont nous sommes le témoin direct.Honnêtement, j’ai été bluffée par le chemin que nous fait prendre l’auteur dans cet album. Une lecture surprenante qui, dans l’ensemble, provoque un sentiment de malaise.Le malaise ne vient pas des visuels qui nous épargnent la majeure partie de l’ouvrage. Il y a ici très peu d’aspects graphiques innovants pour qui aurait déjà lu un album de l’artiste (faciès et expressions des personnages, jeux d’ombres, gros plans…). Le trait, reconnaissable entre mille, joue de nouveau de contrastes très forts entre noir et blanc. Comme Comès, il n’y a pas de jeux de hachures, pas de dégradés ou de demi-teintes. Des successions de planches muettes sont au service de l’intrigue, elles renforcent la tension. Ça et là, l’utilisation d’onomatopées nous fait percevoir la puissance à laquelle un cri peut déchirer le silence de la nuit… mais l’atmosphère ne prend pas aux tripes, sauf sur quelques rares passages.Le malaise provient de ce que Chabouté est parvenu à faire de son lecteur en un peu plus de 130 planches : Landru nous deviendrait presque sympathique, on aurait presque envie de le plaindre… ce qui me dérange profondément. L’auteur nous fait douter sur les motivations du tueur, Chabouté faufile son sujet et l’enrichit en parallèle de la vision d’une France meurtrie par la première Guerre mondiale et l’horreur des tranchées. On constate au passage des références historiques qui s’immiscent dans le récit, offrant une réelle richesse à l’ensemble (précision des détails, des dates, des noms…).Lecture d’avril pour kbdEn prenant le contre-pied de la version historique officielle, Chabouté sème le doute. Je n’ai pas aimé cet album ou plutôt, la morale qu’il délivre est malsaine ; entre manipulation et torsion des faits, cette fiction réaliste nous force à la réflexion.Les avis de Joelle, Cathe.Extrait :« Ici, le fier soldat croupit dans la boue au fond d’un trou infect, il a des poux et des puces, il tient compagnie aux rats qui pullulent et aux cadavres de ses camarades mal enterrés. Il subit les brimades hiérarchiques et les conseils de guerre hystériques. Hier, derrière le mur d’une ferme, ils ont fusillé un pauvre malheureux qui, dans un moment de folie, a quitté la tranchée et a refusé d’y revenir. Ils ont cherché à faire un exemple et c’est tombé sur lui… il était père de quatre enfants. Ici, le poilu implore un dieu sourd et balbutie des prières que personne n’écoute » (Henri Désiré Landru).Henri Désiré LandruOne ShotÉditeur : Vents d’OuestCollection : IntégraDessinateur / Scénariste : Christophe CHABOUTEDépôt légal : septembre 2006Bulles bulles bulles…Henri Désiré Landru – Chabouté © Vents d’Ouest – 2006Henri Désiré Landru – Chabouté © Vents d’Ouest – 2006Henri Désiré Landru – Chabouté © Vents d’Ouest – 2006