La première fois, c’était L’Ouest solitaire, une histoire, sans espoir, de haine entre deux frères, ennemis depuis l’enfance dans un village irlandais où rien ne semble possible que cette haine, où le curé, le père Welsh, s’épuise en vain à essayer un discours de charité. L’alcool coule et la mauvaise nourriture emplit les bouches. Cette pièce était présentée il y a quelques années par une compagnie de Seine et Marne, Boite de Douze, dans une mise scène d’Alain Laurenceau.
Cette fois, c’est La reine de beauté de Leenane, par la Compagnie Le Rideau Bleu. On évoque les personnages de L’Ouest solitaire, ce sont des voisins. Ici, c’est un affrontement entre une mère et sa fille. Le Rideau Bleu nous a habitués à ce genre de situation familiale malade. La folie est là, dans tous les gestes de la maison. On étouffe les rires parce qu’on sent que c’est trop dur à vivre. L’interprétation est mesurée, pas d’excès, pas d’esclandre. Le répertoire de la compagnie change de milieu social sans tomber dans la caricature. Dans les précédentes mises en scène de cette compagnie (Independence, et Toi et tes nuages), le piège se refermait sans qu’on puisse espérer une issue. Ici, ce n’est plus tout à fait le cas. Même si la fin ferme une boucle, on a vu, dans la pièce, qu’il y a des échappatoires possibles, que la vie est peut-être ailleurs mais qu’elle n’est pas que dans les soins donnés aux poules et dans le ressassement des rivalités de l’enfance.
J'ai vu ces spectacles à la MJC-Centre Social de Chilly-Mazarin (91), dans le cadre du SCENIF.