On peine encore à cerner l’étendue des dégâts consécutifs au tsunami qui a détruit la centrale nucléaire de Fukushima. Mais déjà, une question est sur toutes les lèvres : les associations, notamment en France, auraient-elles dû lancer plus nombreuses, et plus rapidement, un appel au don pour le Japon ? Certes, le Secours Populaire, la Croix-Rouge et la Fondation de France (en ouvrant un fonds dédié) ont fini par sonner l’alarme auprès de leurs donateurs quelques jours après le séisme nippon. Pour le reste, la quasi absence de mobilisation en France est d’autant plus étonnante qu’aux Etats-Unis, plus de 160 millions de dollars ont été collectés en une dizaine de jours – dont les deux tiers ont été reversés à la Croix-Rouge américaine. Ce qui fait de la mobilisation pour le Japon la cinquième plus importante de l’histoire des USA, après (respectivement) l’ouragan Katrina de 2008, le tremblement de terre en Haïti de 2010, le 11-Septembre 2001, et le Tsunami de 2004.
Alors que fallait-il faire ? « Ne donnez pas d’argent pour le Japon ! », écrivait, dès le lendemain du séisme, le chroniqueur américain Felix Salmon. « Dans le cas du Japon, il y a toutes les raisons du monde de ne pas donner. Le Japon est un pays riche […]. Et surtout, on ne sait toujours pas clairement ce que les organisations feront de l’argent collecté ». Bref, mieux vaut donner ailleurs, à ceux qui en ont vraiment besoin, expliquait-il. Et de citer l’exemple de Médecins sans frontières « qui ne saute pas sur les catastrophes naturelles et ne s’en sert pas comme des opportunités marketing ».
« La solidarité financière doit jouer après une catastrophe comme celle-ci, pays riche ou non. Il faut aider les gens qui n’ont plus rien depuis le séisme et le tsunami », a en revanche expliqué au quotidien Le Monde Jean-François Riffaud, directeur de la communication à la Croix-Rouge française, qui a collecté 6,1 millions d’euros une semaine après le séisme. « Ce sont finalement les world-companies d’Internet, Google, Apple via iTunes, Facebook, Twiter, qui ont été immédiatement présentes », résume le blog de l’Agence Limite qui a répertorié au jour le jour l’ensemble de la mobilisation en France. Et d’analyser : « En terme de “géo-politique de la générosité”, le Japon, sans doute a priori perçu comme riche et lointain (autant culturellement que géographiquement), ne suscite, malgré l’ampleur de ses malheurs, qu’un timide démarrage de la mobilisation des fundraisers français ». Des fundraisers, c’est sûr, des donateurs, on en est moins certains !
Japon : les associations françaises ont-elles failli ? | AFF.