La moitié des personnes touchées par l'épilepsie sont des enfants et les crises infantiles peuvent s'aggraver au fur et à mesure entraînant une perte d'efficacité des traitements classiques. Cette équipe de l'Inserm (INMED - Institut de neurobiologie de la méditerranée) vient de découvrir que des diurétiques réduiraient la sévérité des crises infantiles et seraient capables de maintenir l'efficacité des traitements plus longtemps. Des conclusions publiées dans l'édition du 23 mars de la revue scientifique Brain.
L'épilepsie, cette atteinte chronique du cerveau qui provoque des crises récurrentes dues à des décharges neuronales brusques et excessives, touche entre 500 et 750.000 personnes en France, dont la moitié sont des enfants. On estime qu'avant l'âge d'un an l'incidence atteint 120 pour 100 000 habitants, soit 3 fois plus qu'après l'âge d'un an et es épilepsies de l'enfant peuvent entraîner des séquelles neurologiques persistantes et graves.
Deux molécules sont utilisées en première intention pour stopper les crises d'épilepsies du nourrisson ou du bébé : le valium et le phénobarbital. Ces molécules bloquent les crises en renforçant l'action du GABA - le principal médiateur chimique du cerveau - qui inhibe les neurones. Cependant, souvent le phénobarbital ne bloque pas les crises voire les aggrave sans que les mécanismes ne soient connus. Les chercheurs sont parvenus à décrire le mécanisme qui aboutit, crise après crise, à l'inversion des effets positifs des traitements classiques, qui deviennent inefficaces et proposent une nouvelle approche pour réduire les crises d'épilepsies infantiles.
Le phénobarbital prévient les crises épileptiques quand il est utilisé tôt: La recherche in vitro a porté sur des structures cérébrales prélevées chez des souris. Les chercheurs montrent que le phénobarbital prévient les crises épileptiques quand il est utilisé tôt, au début des crises. Par contre, quand il est administré après plusieurs épisodes épileptiques, il aggrave les crises. Pour comprendre l'inversion des effets des traitements, les chercheurs se sont penchés sur le mécanisme associé à leur cible, le GABA et plus particulièrement la régulation du chlore qui permet son action. L'anti-épileptique phénobarbital, renforce sa présence et la différence de concentration de chlore entraîne l'inhibition des neurones et donc l'arrêt des crises. Mais quand les concentrations intracellulaires de chlore sont élevées, le traitement au phénobarbital, en renforçant les effets du GABA, devient inefficace et aggrave les crises.
Le diurétique, une méthode qui permet de réduire la concentration de chlore afin de renforcer les actions inhibitrices du GABA: Le diurétique, connu pour diminuer les concentrations de chlore, agit sur le récepteur qui importe le chlore (NKCC1) en le bloquant. Ainsi, la concentration de chlore intracellulaire est rétablie, ce qui permet de prolonger les effets inhibiteurs du GABA et donc l'efficacité de l'antiépileptique phénobarbital.
L'équipe montre que "Le diurétique, associé au phénobarbital réduit la sévérité des crises surtout quand il est donné à des phases précoces. En d'autres termes, l'historique des crises est crucial pour que le diurétique prolonge l'efficacité du traitement" concluent les chercheurs.
Une étude multicentrique au niveau européen, précise le communiqué de l'Inserm, est en cours afin d'évaluer l'efficacité du diurétique sur des crises sévères du nourrisson qui sont résistantes au phénobarbital. Cette étude (projet NEMO), dont les premiers résultats seront attendus en 2012, est effectuée en France et dans d'autres pays de la communauté européenne.
Source: Communiqué Inserm, INMED, Inserm U901, Université de la Méditerranée, Campus Scientifique de Luminy, Marseille, Brain, 23 mars 2011 doi: 10.1093/brain/awr041 “"Neuronal chloride accumulation and excitatory GABA underlie aggravation of neonatal epileptiform activities by phenobarbital" (Visuel Inserm “Action du GABA en présence du phénobarbital dans le tissu épileptique”)
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