(Illustration René Le Honzec)
Un ouvrage intitulé Bonnes nouvelles des Conspirateurs du futur (Odile Jacob, 2011) et écrit par Michel Godet nous donne des raisons d’être optimistes. Il faut croire en notre capacité d’entreprendre pour s’en sortir.
Michel Godet est l’un des rares économistes médiatisés qui ne pratique pas la langue de bois. Je l’ai même vu sur une chaîne de télé publique défendre la flat tax. Il est vrai, il fait partie du sérail public mais si tous étaient comme lui… C’est un individu qui réfléchit en libéral et qui sait que le libéralisme économique est la seule échappatoire pour notre pays. La preuve, ce recueil de « faits » et « d’actes » racontés par Godet à partir de ce qui est arrivé à des personnes inconnues, de la France d’en bas. Il s’agit d’entrepreneurs mais aussi des fonctionnaires qui ont tout fait pour rendre le système plus dynamique et efficace. On apprend comment en Lorraine, le Centre national de l’entrepreneuriat a réussi à contribuer à la création d’emplois marchands beaucoup plus qu’ailleurs, comment des entreprises locales de senteurs de Provence se sont imposées à l’international et aussi comment un directeur de CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) peut révolutionner notre système de sécurité sociale et lui faire baisser les coûts par des actions d’information et de prévention. On y apprend l’histoire de ces entrepreneurs qui ont sauvé un village grâce à leur hôtel-restaurant ou celle d’un fonctionnaire têtu qui croit à l’apprentissage pour baisser le chômage des jeunes, sans oublier les aventures d’autres entrepreneurs qui sont partis de rien pour réussir et créer des milliers d’emplois. Ces gens-là ont su outrepasser les rigidités imposées par la France d’en haut qui ne comprend pas que la seule possibilité de sauver le pays est de le libérer des charges sociales et de la bureaucratisation excessive. Malheureusement, la route vers la liberté est encore longue, la fonction publique territoriale a encore augmenté de 67.000 emplois en 2010 ! Et le taux d’absentéisme n’a jamais été aussi haut : 22 jours par an en 2010 ! Aucun pays au monde ne peut se permettre un tel niveau de fonctionnarisation et d’absentéisme à la fois.Ces facteurs ont contribué à la stagnation du pays depuis 1990. Nous avons été dépassés par la Grande-Bretagne et par l’Irlande en PIB par habitant. On ne travaille pas assez : 620 heures par habitant et par an en France contre 700 en Allemagne, 750 en Europe et 870 aux États-Unis. Malgré cela, notre niveau de vie n’a cessé d’augmenter : de 50% depuis 1980. Les logements sans confort qui représentaient plus de 25% du parc total comptent aujourd’hui moins de 4%, la surface moyenne par personne a doublé et nous avons gagné 5 années d’espérance de vie. Michel Godet a raison : si les contemporains de la guerre de 1914 revenaient parmi nous, ils nous diraient « Vous pleurez la bouche pleine ! »
Les clefs du succès ? Des initiatives privées et, des fois, publiques. C’est grâce à l’individu que nous avons réussi. Et pour pouvoir aller plus loin, l’auteur donne à la fin de l’ouvrage quelques conseils aux jeunes qui s’inquiètent pour leur avenir : « Gardez confiance en l’avenir et foi en l’homme », « Aidez-vous, le ciel vous aidera », « Ne tombez pas dans la société de l’envie » ; « Donnez un sens à votre action » ; « Défendez vos droits et ne vous laissez pas faire pour le financement des retraites » ; « Prenez comme devise : autant de marché que possible, autant d’État que nécessaire », « Accompagnez les autres, ne les assistez pas » ; « Enrichissez-vous par le travail et répandez la contagion du don parmi les riches ».
On partage largement la plupart des conseils de Michel Godet. On le suit moins sur certaines initiatives publiques décrites dans le livre. C’est bien d’avoir créé des emplois mais à quel coût ? S’il aime le libéralisme, il devrait savoir que ce qu’on donne avec la main gauche, on le prend avec la main droite. De même, pourquoi accorder tant de pages élogieuses à la revue Alternatives Economiques. Le succès de cette revue tient à son ancrage dans l’éducation nationale et ne serait-elle pas aussi l’une des causes de l’intoxication idéologique de nos enseignants et de nos enfants ? Encore un effort, Godet…
(Illustration René Le Honzec)