C’est par une évocation bien “bourguignonne” qu’Arnaud Montebourg, le député de Saône et Loire, département dans lequel se situe la bonne ville de Charolles ayant donner le nom à la race bovine, salue la sortie de l’ébauche du projet socialiste pour 2012. On notera au passage que Montebourg n’est pas élu de la circonscription de Charolles, mais en Bresse, patrie du de la volaille et du fameux poulet. Chacun pourra imaginer à sa guise ce qu’il autait pu trouver comme métaphore s’il avait décidé d’utiliser l’animal vedette de sa circonscription.
Mais revenons à ce fameux projet. Il ne s’agit pas des 110 propositions historiques sur lesquelles François Mitterrand construisit sa victoire de 1981 : le PS sort une ébauche de programme plus modeste, ne comportant que 20 propositions. Elles peuvent cependant être déclinées et pourraient se définir comme les 20 grandes têtes de chapitre d’un programme d’alternance. L’exercice était utile et devenait urgent tant il est vrai que s’opposer sans proposer devient lassant et improductif.
Il est évident que les premières questions qui viennent à l’esprit concernent les difficultés qui pourraient surgir entre l’organisation de la primaire « ouverte » d’une part et la désignation du candidat officiel du PS et son propre programme d’autre part. Il est certain que le hiatus entre les deux « batteries » de proposition ne devra pas être excessif.
Des difficultés peuvent effectivement surgir, car si les 20 propositions qui viennent d’être rendues publiques sont assez nettement tournées à gauche, parfois très à gauche, il n’est pas évident que tous les candidats potentiels du PS, en particulier DSK , reprennent ce formalisme à leur compte.
Quand il s’agit des salaires par exemple ce programme prévoit d’encadrer dans des limites de 1 à 20 les salaires dans les entreprises où l’Etat est présent. Dans cette hypothèse, les PDG de Renault, Carlos Ghosn, et d’EDF, Henri Proglio, devraient diviser par deux leurs salaires … Ou alors il s’agirait d’augmenter considérablement les salariés de ces entreprises sans toucher à celui des patrons.
Dans le domaine fiscal, l’impôt sur le revenu serait fusionné avec la Contribution sociale généralisée (CSG) pour créer un grand impôt progressif prélevé à la source. Les revenus de l’épargne, y compris les stock-options, seraient taxés «comme les revenus du travail»
Il n’est pas ici venu le temps de débattre de ces propositions, les exemples donnés le sont pour bien indiquer la « tonalité » générale et mettre en lumière les divergences possibles sur de telles questions avec les éventuels candidats aux primaires.
Ce texte, qui n’est encore qu’un projet, devra être débattu au bureau national du parti mardi prochain avant de passer devant le conseil national en fin de semaine sous sa forme définitive. Il sera très intéressant de noter ce qui résistera aux différents filtres « des écuries présidentielles » du parti et les éléments qui auront été supprimés ou « édulcorés ».
Martine Aubry, en « avant-première le présente ainsi : « trois grands volets : la première partie propose “face au déclin, le redressement de la France, de son poids et sa voix dans le monde”. La deuxième s’adresse aux Français : “face au sentiment de déclassement et d’absence d’avenir, construire une société juste et une société du respect et du lien social”. La troisième partie aborde notamment la question des institutions et de la justice et explore les pistes de la démocratie participative : “notre pays étouffe. Le couvercle a été totalement refermé sur la démocratie”, assure-t-elle. La remarque la plus importante me semble appartenir à Benoît Hamon : pour lui, le texte “à l’évidence, engage tous les candidats” qui concourront à la primaire : qu’on se le dise !
Il reste à connaître la réceptivité des français, peu sensibles jusqu’alors aux offres alternatives du PS et, surtout, l’appétence du candidat finalement désigné pour ces propositions.
C’est sans doute Arnaud Montebourg qui illustre le mieux les difficultés qui se profilent. Il a déjà déclaré ne pas se désolidariser du projet proposé mais estime qu’il est le seul à porter un projet vraiment nouveau. C’est en réalité une autre voie qu’il propose en plaidant pour la “démondialisation” et l’émergence d’un système alternatif au capitalisme financier, un programme sans doute plus proche de celui de Mélenchon que de celui de Martine Aubry et à fortiori du « muet du FMI » dont le parachutage va devenir de plus en plus difficile, ses « petits amis » du PS s’employant à lui rendre la route de plus en plus escarpée et semée d’embuches.
Dans mes dernières notes sur les “tourments” à l’UMP, j’avais promis de faire un petit tour par le PS : c’est enfin fait !