Et voilà, depuis jeudi, je ne suis officiellement plus Grand Reporter de L'Equipe. Après 15 ans, ça fait drôle... Et le petit pot que le journal a tenu à m'offrir à l'occasion fut particulièrement émouvant.
Comme l'a souligné Gérard Ejnès, que j'ai connu il y a bien longtemps sur les routes de la Course du coeur (Paris - La Plagne à pied) où nous étions coéquipiers (bien avant que je n'entre à L'Equipe) et aujourd'hui rédacteur en chef du journal, ce n'est pas fréquent qu'on quitte L'Equipe sans y être contraint et d'être aussi ému... J'avoue, j'ai eu bien du mal à caser trois mots de remerciements. 15 ans, ce n'est pas rien et je suis très fier d'avoir apporté ma petite contribution à un journal qui pour moi est une partie intégrante du patrimoine du sport français. Merci à tous. La Une de L'Equipe qui m'a été offerte (ci-contre), la jolie montre et surtout tous les témoignages reçus à l'occasion resteront inoubliables.
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Une des demi-finales de cette Coupe du monde de cricket organisée en Inde opposait en effet l'Inde au Pakistan, deux pays en guerre à de nombreuses reprises (les deux pays se disputent la région du Cachemire pratiquement depuis l'indépendance du Pakistan, en 1947 ) et dont les relations sont toujours extrêmement tendues (encore 166 morts dans un attentat à Bombay en 2008). Mais à l'occasion de cette rencontre, le Premier ministre indien Manmohan Singh avait invité son homologue pakistanais Yusuf Raza Gilan dans le stade de Mohali. La "diplomatie du cricket" comme ce fut le cas pour "la diplomatie du ping-pong" en 1971 avec la visite de l'équipe de tennis de table américaine en Chine (visite évoquée dans Forrest Gump) à une époque où les relations entre les deux pays étaient quasi inexistantes. Toujours dans le même registre, en 2000, 2004 et 2006, Corée du Sud et Corée du Nord, officiellement pays en guerre, ont défilé ensemble lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques, sous la bannière "Corée".
Comme quoi, même si des abrutis confondent parfois stades et champs de bataille, le sport est avant tout un vecteur de rassemblement. Faire le premier pas est souvent le plus difficile (et dans tous les domaines de la vie...). Le sport peut parfois aider les politiques à faire ce premier pas vers l'autre.
Et pour être complet, l'Inde a remporté la Coupe du monde en battant en finale le Sri Lanka.
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Pour tout savoir sur l'actu du foot féminin, c'est évidemment sur www.footofeminin.fr (photos issues du site) avec notamment une longue et intéressante interview du coach de l'OL Patrice Lair (ancien coach adjoint du Stade de Reims en National) ICI.
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Un conseil de lecture. Barbara Delière, une très bonne amie, a écrit avec Maud Ramaen le récit d'un long voyage effectué à pied pendant près d'une année à travers l'Himalaya. J'ai eu le privilège d'être sollicité pour en écrire la préface. Je vous la livre ci-dessous pour vous donner une idée de cet ouvrage "Himalaya, regard de femmes", aux éditions Golias. Un blog avait également été tenu à l'occasion de ce périple http://parlerdelles.over-blog.com
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Bouclez vos sacs à dos, resserrez bien les lacets de vos chaussures, dépaysement immédiat. A travers le récit de leur long périple de 3000 kilomètres parcourus le plus souvent à pied, Maud et Barbara, deux jeunes femmes trentenaires nous embarquent dans leur pas. Un voyage au rythme des saisons, des inspirations et surtout des rencontres. Nous voilà sur les sentiers de Kirghizie, d’Inde, du Népal, de Chine avec toujours l’Himalaya à l’horizon. Loin des circuits traditionnels battus et rabattus par l’industrie touristique, loin de cette perpétuelle course contre la montre et du stress d’un timing imposé. A travers ce périple dédié à Pasang Lamu, première Népalaise à avoir atteint le sommet de l’Everest, ces deux femmes nous proposent bien plus qu’un simple voyage.
Bien sûr, il y a la beauté des paysages. Incomparables, uniques. Nous voici au sommet du Kala Pathar, à 5550m. A travers les yeux de Maud et Barbara, nous profitons de cette vue à 360° sur tous les sommets mythiques de la région. L’Everest bien sûr mais aussi le Lhotse, le Nuptse et plein d’autres noms qui depuis toujours nourrissent les rêves de plusieurs générations d’alpinistes et amateurs des grands espaces. Avec elles, nous progressons sur ces sentiers où nous croisons les sherpas, incontournables personnages des expéditions himalayennes. D’une vallée à l’autre, d’un passage de col à un autre, parfois dans la neige, parfois dans la souffrance et la peine, nous sommes là, aux côtés des deux infatigables demoiselles. Elles partagent avec nous leur émerveillement, leurs surprises et parfois leurs craintes. Des peurs aussi lorsque Maud décroche sur les pentes du Mentok Kangri II.
Dans ce livre écrit avec leur cœur, Maud et Barbara nous livrent avant tout leurs émotions, leurs coups de cœur. Leur indignation aussi devant le sort réservé aux femmes dans certains endroits du monde. Toujours avec force et conviction mais sans jamais porter de jugement définitif. Toujours dans le respect des différences culturelles. Essence de leur périple, l’ouverture d’esprit s’inscrit comme le fil rouge de ce témoignage où « l’autre » tient le premier rôle. « L’autre », ce sont ces femmes kirghizes dans leur petit atelier artisanal où elles travaillent le feutre. C’est aussi Baela Raza, femme pakistanaise qui exprime sa volonté de participer à l’éducation des femmes de son pays, ou encore Samyia Bokhani, en première ligne dans la lutte contre les maltraitances et les tortures subies par les femmes. Et bien d’autres encore rencontrées au hasard de leur route, intriguées dans un premier temps puis vite curieuses de pouvoir échanger avec ces deux étrangères pas tout à fait comme les autres.
Des rencontres choc parfois gênantes, parfois troublantes, souvent attachantes mais toujours marquantes. Des rires aussi comme ceux des nonnes de Lingshed, quelque part au creux d’une vallée qui délimite le Zanskar du Ladakh, au Népal. Un Népal où la route de Maud et Barbara nous mène vers l’association Women Skill Development dont le combat quotidien consiste à redonner le goût de la vie à des femmes exclues. Dans une autre vallée, au pied des Annapurnas, Lucky, Dicky et Nicky, trois sœurs pleines débordantes d’énergie forment des femmes guide. Des femmes au service d’autres femmes. Au service de la vie tout simplement. Au fil des kilomètres, nous nous laissons guider par les rencontres. On se sent si proche des deux marcheuses que l’on perçoit presque le fumet du plof, un plat traditionnel à base de riz et de viande grillée dégusté dans un village, chez un habitant ravi d’ouvrir sa porte et de partager un moment de vie.
Avec ces deux demoiselles, nous rejoignons le Pakistan via le Kunjerab Pass, plus haut point de contrôle du monde à 4733m, avant de nous laisser guider dans la vallée de Shimshal. Une nouvelle rencontre avec Youssouf, un berger qui prête asile à nos deux voyageuses. Un peu plus loin, le peuple Kalash nous accueille et nous fait partager les danses et les chants du festival du printemps. On s’imagine alors Maud et Barbara en train de se faire tresser les cheveux par les femmes du village. Quelques jours seulement avant de poursuivre leur route mais des souvenirs éternels. « Ne m’oubliez pas », lâche Guslshabeen l’une de ces femmes croisées au cours du périple. Nul doute que son vœu sera exaucé.
Car à travers ce riche et précieux témoignage, on se souvient que quel que soit l’endroit sur la planète, quand les mots se heurtent à la barrière de la langue, des regards, des gestes, des rires, des larmes, des sourires aussi, permettent de se faire comprendre, d’échanger et de partager. « Que c’est bon de sortir de la piste », confient Maud et Barbara. Oh oui que c’est bon. Merci.