Magazine Culture
Aujourd'hui, je pourrais te faire une review du concert Les femmes s'en mêlent d'hier soir, mais en fait j'attends d'avoir peut-être des photos à mettre avec, et puis de toute façon j'avais décidé de changer des concert et de te faire une bonne vieille chronique de disque à base de n'importe-quoi, et ça sera encore plus n'importe quoi cette fois-ci puisque l'intro a été écrite dimanche dernier, le milieu lundi et la fin vendredi soir.
Mais qu'importe, en fait il se trouve que non seulement je voulais changer des reviews, mais aussi que, malgré le fait que j'apprécie pas mal leur dernier album, 28€ pour voir les Dø, je trouvais ça un peu excessif (et accessoirement les 28€ j'ai préféré les mettre dans une place pour aller voir Pulp à Toulouse), résultat, j'étais à 200m du Rockstore à siffler des bières devant du théâtre d'improvisation : bien plus économique.
Et puis en même temps publier une chronique de disque en ce moment c'est assez justifié, puisque ce ne sont pas les nouveautés qui manquent : dans le même temps Panda Bear sort un nouveau single et les Animal Collective une cassette sur laquelle ils ont réalisé une chanson chacun (ils veulent attirer les gens à leur quelques concerts printaniers/estivaux en se faisant passer pour un groupe totalement dispersé après une période sans concerts ni albums qui a rarement été aussi longue, technique Strokes en fait), Deerhoof et Xiu Xiu sortent une collaboration au final pas passionnante, en tout cas beaucoup moins que celle de Battles et Matias Aguayo : une chanson excellente pleine de bruits bizarres (presque trop pleine d'ailleurs, il est difficile de l'écouter sans vérifier qu'on a pas reçu un message ou que personne n'a sonné à ta porte), Chad Vangaalen revient à ses bases bruitistes, ce qui surprendra sûrement ceux qui l'ont découvert avec Soft Airplane, retour aussi à du plus fondamental pour les Raveonettes avec un nouvel album plus proche de l'excellent Pretty In Black que du plutôt moyen In And Out Of Control, enfin, les Art Brut sortent un album moins pop que ses prédécesseurs (si tant est qu'on puisse qualifier comme pop un groupe dont le chanteur ne sait pas chanter) : il surprend pas mal à la première écoute mais s'apprécie aux suivantes, et puis le groupe revient à son obsession de la fin de semaine avec un "Lost Weekend" plus que convaincant.
Au milieu de cette mare de sorties, je vais te parler des Moment Bends, 4ème album des Architecture In Helsinki.
Oui parce que comme ils l'ont encore montré avec leur dernier EP, les Of Montreal s'égarent ces derniers temps dans des expérimentations superflues et sans intérêt, alors qu'ils n'ont jamais eu besoin de se forcer pour faire une musique différente, en témoigne leur featuring totalement décontracté sur l'album de Janelle Monáe.
Là, tu dois être en train de te dire "non mais bordel ! il peut pas se décider à parler d'un truc et s'y tenir ce type ?", et tu as raison, mais le fait est que, 4 ans après leur précédent album, les Architecture In Helsinki sont un peu devenus des Of Montreal à la place des Of Montreal. À l'heure actuelle on pourrait même pousser jusqu'à dire que, même si pour cela ils ont du délaisser l'aspect pop explosive de leur musique, ils font du Of Montreal mieux que les Of Montreal.
Et c'est là que ce disque peut s'avérer assez décevant parce que ce qui était appréciable avec le groupe, c'était leur pop exotique qui les faisaient sonner comme un groupe d'Europe du Nord et justifiait qu'un groupe australien puisse porter un tel nom, mais sur ce disque, il y a à peine quelques passages plus proches des moments les plus mous de Place Like This auxquels on peut se raccrocher, comme l'enchaînement "W.O.W"/"YR To Go"/"Sleep Talkin'". Enfin, même si on peut penser que le groupe n'évolue pas forcément de la manière la plus intéressante, cet album reste bon, rien que pour son final magistral : "Everything Is Blue" est le morceau sur-efficace par excellence (on croirait presque entendre un titre de Mika par moments c'est dire), c'est le genre de chansons qui énerve, parce que quand on l'écoute, on se dit tout le temps "mais oui bien sur, ce plan là, ça ne pouvait que marcher" mais on succombe quand même.
Et puis il y a B4 3D, qui est aussi une merveille à sa façon tant à l'image de son titre, elle sonne vraiment intemporelle : l'intro me fait penser à Rock Bottom de Robert Wyatt, album que j'avoue écouter principalement pour le rire à la fin mais aussi album précurseur, intemporel et toujours d'actualité; et puis là-dessus est posée une voix dont il est difficile de dire à quel point elle a été transformée mais qui ne laisse pas indifférent car elle oblige à prêter sérieusement l'oreille au morceau, même si on avait décidé de le passer juste en musique de fond.
En bref, Moment Bends est un album qui aurait pu sonner comme une tentative de "gâteau 100 fois bon" totalement indigeste, mais qui est littéralement sauvé par son excellent final.