Imzad et ahals

Publié le 23 mars 2011 par Yasida

IMZAD


 entendeurs d'imzad

La musique est pour les Touaregs un feu intérieur, ce feu de bois qui les réchauffe pendant les nuits froides du Désert. Elle est sans aucun doute un nutriment indispensable aux "ahals" (causeries poétiques) que le temps s’acharne à arracher à ce peuple aux gestes lents, porté sur la retenue et la noblesse, sur le silence et le rejet "

écrit Ibrahim Manzo Diallo  rédacteur en chef de Aïr Info du Niger, dans un plaidoyer pathétique en faveur de la préservation de la culture touarègue

Aïr-infos N° 110   p 5

IMZAD

Les soupirs étranglés

 Sauver l’Inzad, violon monocorde, des flammes de l’oubli ! Sauver l’Inzad pour sauver son identité, celle de son peuple !

C’est le pari que veut gagner Salma, une jeune file targuie. Fille unique de Tayyort, la dernière joueuse d’Inzad de la région.

Elle n’a rien fait pour s’y empêcher ! Au contraire, elle a beaucoup étudié et beaucoup voyagé ! Une offense que refuse d’accepter Silimana, son père mais aussi chef de sa tribu !

Sans le savoir, la jeune intellectuelle emprunte un sentier initiatique dans lequel s’enchevêtrent le culturel et l’irrationnel : un cours qu’elle n’a lu dans aucun livre et que seule la prodigieuse mémoire de Tayyort est à mesure de livrer.

Un livre très captivant qui vous plonge dans l’intimité des secrets séculaires des campements nomades fragilisés mais toujours coriaces.

Ibrahim Manzo Diallo  

ebeljud  dessin A. Tambo

 Ebeljud

Ebeljud, je meurs de n'entendre le son de l'anzad  /  Chaque fois que me revient à l'esprit / Cette rencontre au puits avec cet être ravissant. / Mon visage baigné de larmes, mon âme torturée par le feu. /  Je lutte contre cette flèche qui m'est décochée, / Incapable d'imaginer le moindre poème. / Démon, apporte-moi  de l'eau et asperge-moi les flancs. / J'erre au crépuscule sans penser à la faim. / Je suis un géant majestueux, rompu au jeun et à la soif. / Ah ! quel beau parti, ma belle, /  Toi dont le cou dépasse en beauté / Celui d'élégantes antilopes / A la croupe blanche et aux épaules rayées. / L'amour que j'éprouve pour toi : / Taraude mon âme comme la soif. / Je connais bien cette mélancolie où je sombre. / Je suis depuis longtemps la proie des envieux. / J'ai ajusté mon litham, feignant l'assurance. / Mais ce propos résonne / Comme si j'étais dans une tombe,  Sans lumière, sans le moindre rayon.

a dit Kurman agg- eselselu

Poèmes touaregs de l'Aïr  APT

Imzad en Poésie

Exil

Kha  ! caresse fine des doigts

sur le violon de l'honneur !

qui nous allie au toit des constellations

hors du temps

Hawad  Caravane de la soif 


entendeurs  d'imzad

Sauver l'imzad

L’imzad est une vièle monocorde, qui nous vient de la nuit des temps. Plus qu’un instrument, l’imzad est un symbole du pouvoir, suggérant une musique particulière vouée à un ordre social, à une organisation de l’espace et du temps.

« L’imzad est aux Touareg, ce que l’âme est au corps. »

m’avait dit Hadj Moussa Akhamok en me remettant un imzad en 2003.
Avec l’évolution de la vie moderne, l’imzad et toute la culture qui gravite autour est en train de mourir. Il ne reste plus que quelques vieilles femmes qui savent en jouer, elles rêvent de transmettre leur savoir pour laisser en héritage au monde entier, ce patrimoine culturel ancestral
.

Hdama est un air chanté sur l'Imzad. Un trés vieil air qui est chanté par Halimata et Khoulen Alamine sur l'imzad, toutes deux maîtresses d'imzad au niveau de l'école de l'association Sauver l'Imzad de Tamanrasset.

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imzad

Entendeurs d'imzad

L’art de l’inzad, l' « Achak » le code d’honneur, les réunions galantes appelées « Ähâl », la parole voilée « Tanghalt », sont les éléments symboliques constitutifs de la culture touarègue fondée sur la solidarité, le courage, le respect des aînés et la réserveTarzagh Benomar, une des doyennes de la musique de l'imzad du Tassili  n'Azdjer, vient de s'éteindre à l'âge de 84 ans, a-t-on appris dimanche du ministère de la Culture.
Cette artiste a grandement contribué avec une constante disponibilité et une grande humilité, à faire connaître l'imzad, style musical propre à la région de l'Ahaggar, à travers le monde, à sa conservation, sa valorisation et sa perpétuation.

Afin de transmettre ce prestigieux héritage dont elle a toujours pris le grand soins, Tarzagh Benomar a organisé entre 2002 et 2005 des ateliers d'apprentissage de l'imzad pour les jeunes filles dans sa demeure à Djanet.

" Ces airs ne sont pas faciles. Seule une femme qui maîtrise vraiment l'imzad peut les interpréter. On entend parler d'elle dans tout l'Ahaggar, en Ajjer et même dans l'Adrar des Iforas. Tout le monde reconnaît qu'elle sait jouer de l'imzad. "

Références  Sauver l'Imzad 

Dida Badi

L’Imzad n’est pas seulement une musique mais une symbolique

Les Touaregs souhaitent préserver leurs traditions musicales

L'imzad, un instrument traditionnel à corde très prisé par le peuple touareg et dont seules jouent les femmes, pourrait bientôt bénéficier d'un institut de mémoire et d'un projet plus large destiné à protéger les formes artistiques du désert.
La culture touareg oblige les hommes à rester silencieux et à s'abstenir de manger et de boire pendant que les femmes créent des mélodies empreintes de mysticisme et de spiritualité sur cet instrument millénaire. L'imzad se joue au sein d'un groupe assis en cercle, reflétant la forme de la lune et du soleil.
Le corps de cet instrument monocorde est fait dans une calebasse ou en bois recouvert d'une peau d'animal. La corde en crin traverse un pontet en deux parties. L'archet est également fait de crin.
Mais les militants craignent que cette ancienne tradition de l'imzad ne disparaisse rapidement, car les Touaregs abandonnent de plus en plus leur style de vie nomade pour adopter une culture plus sédentaire.
" Avec l’évolution de la vie moderne, l’imzad et toute la culture qui gravite autour sont en train de mourir ", explique une femme membre de l'association. " Il ne reste plus que quelques vieilles femmes qui savent en jouer ; elles rêvent de transmettre leur savoir pour laisser en héritage au monde entier ce patrimoine culturel ancestral ", a-t-elle expliqué aux participants. .
" Le jeu de l’imzad est un cérémonial sérieux, ce n’est pas un amusement ", expliquait Nouredine Benabdellah, professeur à l'université, en décembre au centre culturel de Tamanrasset. " Cette musique est presque sacrée. Le respect de l’imzad est une tradition bien ancrée."

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publié par Assam Midal

Imzad de Dida Badi

Un chef-d’œuvre

L’auteur a pris soin, en bon pédagogue, de situer d’abord son sujet et de permettre aux lecteurs de mieux comprendre son contexte naturel, historique et sociologique. C’est l’objet du premier chapitre consacré au « contexte et aire de diffusion de la musique de l’imzad ». On y apprend une foule de choses sur les populations de ces régions, depuis les grandes évolutions historiques jusqu’aux structures des tentes qui renseignent autant sur les modes de vie que les relations sociales et la maîtrise des techniques artisanales ou autres. Les coutumes sont présentées de manière synthétique, accompagnées des explications ou hypothèses les concernant. Une fois planté son décor et emmené son lecteur dans ses différents recoins, Dida Badi lui propose alors de découvrir « l’imzad dans la mythologie touarègue ». Là, les choses deviennent passionnantes. L’imzad, qui désigne à la fois l’instrument et le genre musical, est en effet un autre univers dans le grand univers saharien. Composition et fabrication des instruments, significations de son utilisation, cadres traditionnels et circonstances, répartition des rôles selon les sexes, les âges ou les lieux, légendes rattachées, l’imzad comme « registre de l’esthétique » et « interprète des sentiments », l’essentiel est passé en revue aux limites de l’extraordinaire. Ainsi, ce passage sur le « jeu de l’imzad » et la position de l’instrumentiste qui est résumée par l’adage : « Imzad ne as amedray ennit, iwar afud iyyen essumigh as wa hedhen » (l’imzad, c’est moi qui suis son frère, il repose sur un genou et moi sur l’autre). Le troisième chapitre, qui occupe environ la moitié de l’ouvrage, porte sur le répertoire de l’imzad et comporte une anthologie de textes donnés en version originale et traduits en français, accompagnés pour certains de partitions musicales. Les registres poétiques, ils font large place à l’amour et aux sentiments que les épreuves de la vie génèrent. Ainsi ce 12e poème :

« Aujourd’hui, mon cœur est tel un incendie, tu peux y mettre une bouilloire à bouillir, tu peux y fondre des bracelets en argent. »

Article paru dans el Wattan

amzad le violon Ahmed Boudane

Inscrit désormais parmi les trésors du patrimoine immatériel mondial, l’imzad continue de susciter l’intérêt, autant en Algérie qu’à l’étranger, où les initiatives pour sa sauvegarde et sa promotion se sont multipliées sous diverses formes et ampleurs.

Imzad en poésie : le violon de l'honneur

IMBROGLIO

Les jours passent / Les braves trépassent / La résistance s'effiloche / Et dans mon cœur / Le désenchantement / Va de sa pioche / Dans chaque vallée / Sur chaque colline / Chacun crie sa tribu / Et revendique déjà / Son lopin de terre / Celui-là dénonce son frère / Cet autre tue son père / Oh ! Frère d'ÉGUIGUlRE / Oh ! Compagnon de TAZIRZlT / Étaient-ce les paroles prophétiques / Qui se réalisent ? / La révolution est conçue par les savants / Les braves y meurent / Et les lâches en profitent / Qu'en penses-tu RABITINE ? / INZAD trouve-t-il toujours écho / Aux oreilles de ceux de l'épée? / Seigneur / Les charognes et les mangeurs de boue / Ont prostitué / L'esprit du souffle / Ils ont péché contre / La pureté originelle du souffle / Oh qu'il était grand / Jadis le souffle / Quand il fusionnait les cœurs /Dans un même brasier d'espoir / Et subitement petit et vil  / Le souffle / Quand il dressait Frères contre frères / Pour un grain de riz / Et un océan de mensonges / Oh Seigneur / Ne leur pardonne point / Ceux-là qui ont falsifié / L'esprit du souffle / Par leurs ventres qui ne remplissent jamais / Par leurs regards qui percent les mystère / Par leurs bouches qui disent plus /  Qu'il ne faut dire / Oui ! Je les renie

Rhissa Rhossey  

Jour et Nuit, Sable et Sang , poèmes sahariens
Ed transbordeurs

alami  A. Tambo

L'imzad

De l'imzad avant tout / une musique aussi ancienne, / qui brandit la bravoure, / qui fixe l'achaq, / il revigore, / par des sons fins et piquants, / donnant générosité et tolérance, / calebasse emballée par le cuir, / un archet grattant, / tu es indispensable, / thérapeutique instrument, / soignant l'incurable / instructif inculquant la sagesse, / pour chasser la solitude, / pour ressusciter l'amour, / chasser la haine, / redonner la force, / tu incarne les qualités humaines. / Ton cri fait trembler l'homme du chèche, / il fait gonfler son cœur. / Les coups de l'épée ont leur place, / tu donnes le courage, / te préoccupent : / l'épique, le lyrique, les temps passés, / émettant réjouissance et souvenirs. / tu es un ensemble, / formé du mort et des vivants, / le mort sonne, / les vivants chantent. / Le tout fait l'imzad.

Les conntes du désert

AHAL : ÉDUCATION TOUARÈGUE

HAWAD

"J'ai aussi participé en suivant ma mère et mon oncle maternel à ce qu'on appelle les ahal ou veillées, qui sont d'autres écoles théâtrales, tragiques poétiques (l'éducation de l'amour courtois comme les occitans du Sud de la France), philosophiques. On passe des nuits entières à faire la description d'une chamelle ou d'une gazelle et à la fin, on a l'impression qu'on épuise complètement les mots. Chaque personne qui a fait son exposé a donné une description.

C'est une philosophie de l'esthétisme.

L'esthétisme ça veut dire que l'objet lui-même on le met en mouvement, on le voit sous plusieurs angles. Le critique, le commentateur qui fait son exposé doit voir l'objet sous plusieurs angles après il doit le projeter dans plusieurs espaces dans lesquels l'objet apparaîtra de manière contrastée.

Donc, on part de l'esthétisme de l'objet,  puis on dépasse sa beauté, sa forme et à la fin, on entre uniquement dans le flou de l'objet, ou de la matière, ou du graphisme ou de l'espace (selon ce que l'on envisage).

Et c'est là  que s'instaure l'état de vision que recherche les Touaregs, car les Touaregs pensent qu'il y a une autre philosophie (que celle de la rigidité), une autre pensée qui repose dans la tension du mouvement.

Je n'aime pas beaucoup les mots " universel ",  "cosmique ", mais c'est la phase où l'on épuise les mots, où l'on épuise la pensée. On arrive alors à un état sauvage de la matière ou de la forme, dans la première étape primordiale ou primitive des choses c'est-à-dire où les choses existent dans une existence de la non-existence.

C'est ainsi qu'elles peuvent être nommées mais aussi qu'elles peuvent avoir une identité de non-identité parce que la "vraie" identité est fausse : c'est la société qui la donne.

Or,nous cherchons, à travers tout ça, un regard qui n'est pas culturel, qui n'est pas influencé par notre éducation, par notre conception.

Pour parvenir à ce stade, on a besoin de conversations qui durent des nuits, des mois, des années entières. On commence une conversation, on l'arrête et demain, on reprend.

La parole n'est qu'un fil : chaque fois, il faut tisser, détisser, broder, il faut tresser au-delà. "

Hawad : Rencontre  Ténéré, Niamey 1990


aghamar   A. TAMBO

BENDIR

Farid BELKADI

Lui « qui ne trouve pas normal qu’on n’ait pas un moyen d’expression » en a trouvé, en plus de la peinture, plusieurs autres pour canaliser son énergie créative. Parmi elles, la sculpture, le théâtre ou encore la musique. Il collabore souvent avec Jean-Philippe Rykiel, qui a travaillé avec de grands artistes africains comme le Sénégalais Youssou N’Dour. Il joue aussi du bendir, un instrument algérien dont la pratique se perd et qu’il essaie de faire revivre. Farid Belkadi est indéniablement un gardien des traditions dont la seule arme contre le temps est l’Art dans tous ses états.

extrait de l'article AFRIKA.COM

Imzad et Modernité