La Syrie ne se satisfait pas du discours présidentiel

Publié le 03 avril 2011 par Mcetv

Vendredi 1er avril, les manifestants sont à nouveau descendus dans les rues. Au moins 4 morts sont à déplorer à Douma, dans les faubourgs de Damas


La contestation ne faiblit pas

À Daraa, Lattakié ou Ohms, les Syriens se sont rassemblés après la prière. Le slogan « Dieu, Syrie, liberté et c’est tout » a pris le pas sur les chants nationalistes entendus ces derniers jours durant les grands rassemblements organisés par le parti Baas. Ce troisième appel à manifester en 3 semaines est un indicateur fort : celui de l’échec du discours présidentiel du 30 mars. Devant une assemblée acquise à sa cause, Bashar Al Assad n’a pas répondu aux attentes de son peuple. Comme le confirme les témoignages recueillis dans les heures suivantes : « je suis déçu, il a parlé pour son parti, mais pas pour le peuple, il aurait du s’excuser pour tous les morts » ; « J’ai honte, ce n’est pas un parlement ».

Alors que le gouvernement a annoncé une commission d’enquête sur les troubles qui ont entraîné la mort d’au moins 15 personnes dans la ville de Daraa, de nouveaux meurtres ont endeuillé la journée de vendredi en bordure de Damas. Douma a été l’épicentre de la répression. Sur cette vidéo, postée sur YouTube par des activistes syriens, on peut voir un homme en sang alors que les gens sont toujours à l’intérieur de la mosquée Rafa’i dans un autre quartier de Damas.

La déception est grande

Sur Facebook, le nombre de sympathisants à la révolution syrienne augmente jour après jour et dépasse les 100 000. De nombreux Syriens ont affiché leur mécontentement sur le réseau social en arborant des photos de profil très sombres. Les commentaires y sont également éloquents, à l'instar decelui de ce jeune habitant de Daraa : « j’ai vécu 4 jours en homme libre, je ne veux pas redevenir un esclave » ou encore « j’aimerai que sécurité et liberté puissent vivre ensemble ».


Le discours du président Bashar Al Assad mercredi était très attendu. Malheureusement il n’a pas satisfait les espoirs placés en lui. Il s’en est pris en particulier aux puissances étrangères, et aux télévisions par satellites dont al-Jazeera, considérée comme un agent de déstabilisation. « La Syrie fait face à une vaste conspiration qui s’étend des pays voisins à des pays lointains ». Il n’a pas convaincu avec une telle rhétorique, et les mesures espérées n’ont pas été annoncées. Toujours pas de révocation de l’état d’urgence, qui place le pays en état de guerre depuis 1963. Les traits d’humour du président syrien n’ont pas satisfait non plus. « Comment peut-il rire lorsque des familles pleurent leurs morts ? »