On est un peu trop méchant avec Frédéric Lefebvre. Le vrai comique de la vidéo diffusée le 2 avril par le Figaro, à l'occasion de la journée du livre politique, c'est Hervé Mariton. Un journaliste interroge plusieurs hommes politiques sur leur livre préféré. Mariton répond un «Ah...!» et toute la détresse des cuistres se lit dans ses yeux. Hervé Novelli avoue franchement qu'il ne sait pas et qu'il aurait dû se préparer. Au moins c'est clair. Jacques Myard, Jean-Louis Bianco, et Jean-Pierre Chevènement font le service minimum.
Et puis on se reprend un petit coup de pataugeoire avec Mariton. Cette fois, on ne l'arrête plus, il veut se rattraper de son trou de mémoire malencontreux. Le voilà qui cite maintenant un souverain poncif : "Belle du Seigneur" d'Albert Cohen. Un livre que tout le monde achetait en son temps, sans le lire et qui faisait toujours bien, négligemment posé sur la table du salon. Mariton dit que c'est très «épais mais chaleureux». Ça ne s'invente pas... Ça me fait tout de suite penser au fameux «Couvert mais chaud !», de De Funès, dans le Corniaud. Maintenant, il est déchaîné. Il tente le super-banco, citant "Un cœur simple" de Flaubert. Une nouvelle de Flaubert (une cinquantaine de pages en livre de Poche), dont on sent qu'il équilibre bien dans sa tête de lecteur épisodique le pavé indigeste d'Albert Cohen, sûrement édité chez Plomb.
Mais c'est vrai qu'avec le temps, Frédéric Lefebvre, ci-devant sous-ministre chargé entre autres du Tourisme, a su s'imposer comme tête de Turc des internautes. Et il n'est pas disposé à céder sa place au premier zozo venu. Exit, donc, Mariton et sa littérature au mètre linéaire. C'est à Frédéric Lefèbvre que viendront les honneurs de l'internet impitoyable. Il faut dire qu'il y met du sien en se prenant direct les pieds dans le tapis.
- «Parmi tous les livres que vous avez lu, lequel vous a le plus marqué jusqu'à présent ?»
- «Le plus marqué ? Sans doute, Zadig et Voltaire.»
- «Pourquoi ?»
- «Parce que c'est une leçon de vie, et je m'y replonge assez souvent.»
Confondre un chef d'œuvre de la littérature philosophique avec une marque de prêt-à-porter... Rien de le réécouter, j'en ai des larmes de rire au coin des yeux. Publié vers 15h30, le 2 varil, par lefigaro.fr, la vidéo fait tout de suite un carton sur Twitter, popularisée par Guy Birenbaum. Et assez rapidement, apparaissaient des fines blagues consistant à paraphraser Frédéric Lefèbvre confondant un livre connu avec une marque. Le tout assemblé par le hashtag #bibliolefebvre. Le "Lol crowd" se met en branle. Comme toujours dans ces cas-là, le meilleur est au début.
Je vous donne ici une petite sélection, forcément non exhaustive. Pardon à ceux qui ne sont pas cités, la paternité de certains jeux de mots étant parfois difficile à établir. Voyons d'abord ceux qui paraphrasaient un livre volontairement confondu avec une marque.
@malkovitch : "L'appel de laforet immobilier" de Jack London
@FOSSURIER : "Les Contes de Grimbergen"
@guy Birenbaum : "La première gorgée de Justin Bieber"
@dmit3r : "Parfumez-vous !" De Stéphane Aisselle
@Pa_Bateman : "L'amant" de Marguerite Durex
@PierreBRT : "La chartreuse de parmesan", de Stendhal.
@stephanenivet : "L'assassin habite au Century 21"
@julienlivis : "A la recherche du pain perdu" de Marcel Craquotte
@inzecity : "1664" de Gorge Orwell
Sinon, je vous en donne aussi un échantillon de hors sujets, mais drôles quand même. Enfin, de mon point de vue.
@alexandrepedro : "La possibilité d'une île flottante" de Michel Houellebecq
@epopoi27 : "La Travolta" de Verdi
@MonaChoulle : "L'école des fans" de Molière
@nounours : "La lettre à Elise" de Guy Moquet
@marco91300 : "Dix petits nègres" de PPDA
@wtfirl : "La guerre des gaules", de Rocco Sifreddi
@dami9n : "L'étranger" de Marine Le Pen
@FredMichalak : "Le rouge et le noir" de Jeanne Mas
@wecho_com : "Les Particules élémentaires" de Anne Lauvergeon
@BourgogneLive : "Fukushima mon amour" de Marie Curie
@Herv3Torchet : "Cent ans de bravitude" par Ségolène Garcia Marquez
@MickaelN : "L'Iliade" d'Homer Simpson.
Voilà, si vous avez déniché d'autres perles, à vous de jouer.