Magazine Cinéma

Π (Pi) de Darren Aronofsky (1999)

Par Celinecinema

Π (Pi) de Darren Aronofsky (1999)
Il en a fait du chemin Darren Aronofsky depuis Pi, son premier long métrage en noir et blanc- sensation du moment à Sundance. Pourtant, on pouvait déjà y trouver les marques et l’essence de son cinéma : les mêmes thématiques (obsession, glissement vers la folie, rapport douloureux au corps), les mêmes empreintes visuelles (sons irrités, montage vif, crescendo anxiogène). Ses personnages icariens poursuivent tous la même chose, avec le même entêtement : la transcendance de soi dans l’art, dans la recherche de la perfection, dans l’accès soudain à la vérité, au sens de la vie, caché au fond des questionnements- leur addiction, quelle qu’elle soit (drogue, danse, catch, arbre de vie, chiffre), causant immuablement leur perte. Dans Pi, son œuvre la plus austère, il filme Max (Sean Gullette), mathématicien obnubilé par sa recherche : trouver un sens au chiffre titre, pour expliquer les mystères de l’univers, le marché boursier, la religion. Trouver une signification mathématique, une explication rationnelle au schéma anarchique humain.
La foi dans le chaos, dit le tagline. Complexe parce que mettant en jeu des concepts (la théorie du chaos, le déterminisme, etc.) dont seuls les initiés saisiront l’entièreté des enjeux, le film reste tout de même accessible, parce qu’il murmure- en filigrane- des essentiels : l’accès à la vérité est toujours douloureuse (voir les migraines terribles dont souffre Max), le cerveau humain brille par sa petitesse face à l’immense sophistication du cosmos, matérialisme et mysticisme exacerbés causeront la chute de l’espèce (voir comment le personnage est à la fois harcelé par une firme de Wall Street et d’inquiétants rabbins). Mélange entre science et religion (qui rappelle la quête spirituelle du scientifique dans The Fountain), et boosté par un arrière-fond philosophique, Pi n’est certes pas le film le plus abouti d’Aronofsky, mais il reste le témoin de l’émergence d’un génie, qui n’a pas dévié depuis d’un seul iota de ses propres obsessions de cinéaste- toujours à la poursuite de la lumière de la connaissance, lumière aussi intense que dangereuse, follement attirante, fatalement destructrice.
Π (Pi) de Darren Aronofsky (1999)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celinecinema 55 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines