Bêtes transformées en simples ressources, achevées dans l’obscurité sociale

Publié le 03 avril 2011 par Taomugaia

Le législateur doit interdire tout ce qui peut mener à la cruauté. Les spectacles barbares des gladiateurs ont sans nul doute contribué à donner aux Romains cette férocité qu'ils ont montrée dans leurs guerres civiles.
On ne peut pas attendre des gens habitués à mépriser la vie humaine dans leurs jeux, qu'ils la respectent quand ses passions sont déchaînées.
Il est approprié, pour la même raison, d’interdire tout type de cruauté, qu’on l’exerce par amusement ou pour satisfaire notre gloutonnerie. Les combats de coqs et les combats opposant un taureau à des chiens, la chasse au lièvre et au renard, la pêche et les autres amusements du même type, supposent nécessairement soit l’absence de réflexion soit un fonds d’inhumanité, puisqu’ils infligent à des êtres sensibles la souffrance la plus aigue, et la mort la plus douloureuse et la plus lente dont on puisse jamais avoir idée.
Pourquoi la loi devrait-elle refuser sa protection à un être sensible quel qu’il soit ? L'heure viendra où l’humanité étendra son manteau à tout ce qui respire.
Nous avons commencé par prêter attention à la condition des esclaves ; nous finirons par adoucir celle de tous les animaux qui assistent à notre labeur ou subviennent à nos besoin.

Jeremy Bentham (1748-1832)