- (*) Si j’appelle « éthique » : ce qui se donne pour but d’indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure ; et, surtout, les « raisons » pour quoi ils le feraient …
Le monde change ( banalité …) et il serait préférable de ne pas être à la traine … Non par mode, mais pour se faire comprendre, entendre et dialoguer .. Avant de se faire la « guerre » !
Il est urgent de s’expliquer, et de trouver des modalités pour vivre ce rapport contradictoire qu’il peut y avoir entre le « souci de soi » et le « souci de l’autre »…
A ces questions répond la philosophie, mais aussi la politique et la religion. Malheureusement, pour beaucoup : ces deux dernières seraient disqualifiées pour « mauvaise conduite » .. !
Nous préférons le plus souvent nous prémunir du Mal, par quelque bouc-émissaire , et bâtir des murs, du droit, des lois… plutôt que de concevoir une vision universelle du Bien, qui s’imposerait comme morale ( valeurs …) … Le 20ème siècle s’est fracassé contre ses propres utopies. Et cela, au cœur de notre civilisation chrétienne ! ( et de plus, en Allemagne, pays de la raison et des philosophes …).
C’est pour cela, à mon avis, que nous devons repartir de notre Education, de la question de la transmission et de l’éthique…
« ( … ) on voit bien que la prophétie nietzschéenne s’est accomplie : les idoles sont déchues et, avec elles, le crépuscule. Dans la cité, il n’y a d’aube que celle du divertissement. Les vieilles catégories philosophiques sont les personnages préférés des médias. On y parle sans cesse vérité, courage de la décision, ordre juste, etc. Personne n’est dupe mais tous se sentent trahis. Les gens, d’ailleurs, ne votent plus, tout en passant leur vie à regarder des débats dans lesquels les politiciens s’étripent. En lieu et place du récit collectif, il y a désormais le spectacle collectif. » Cynthia Fleury
Nous aspirons, à une autre représentativité et à un retour vers des valeurs qui restreindraient les politiques à des contraintes d’intérêt général… Aujourd’hui, nous savons que la régulation ne se fera ni par la vertu, ni par l’intérêt … Alors ? Il reste , le combat, le courage, à condition de s’accrocher à des « raisons de » ( une éthique ? ), une volonté de vouloir choisir son destin…
L’objectif de l’ Education, au-delà de « la transmission des connaissances » est sans doute là .. ? Donner du sens … Faire émerger une conscience …Ce devrait être aussi, dans le projet, l’objet de la Politique …
L’histoire récente et le présent des peuples, nous montrent que ni la finitude, ni la dictature n’ont raison du caractère infini de l’Humain…
Quand il publie La légende des anges (Le Seuil, 1995) Michel Serres dit : « En 68, quand je voulais passionner mes étudiants, je leur parlais politique ; pour les faire rigoler, je parlais de spiritualité. Aujourd’hui, c’est l’inverse. »… Réhabilitons les deux !
La vérité du Politique, ou du religieux, c’est de faire « communauté », « agapè »… Sans cela nous faisons partie d’une foule sans âme, d’une fourmilière anarchique …
Inspiration : Cynthia Fleury : Philosophe, professeur à l’Université américaine de Paris, à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’Ecole Polytechnique, Cynthia Fleury a d’abord travaillé pour le CNRS sur les platoniciens de la Perse et de l’Europe de la Renaissance, sur les traces de Henri Corbin et de Christian Jambet…