02/04/2011 | 11H00
En charge des essais àLibération, le journaliste Robert Maggiori interroge les règles du métier de critique. Un récit habité qui fait l'éloge vibrant d'un journalisme d'idées.
Pour avoir théorisé et mis en pratique la notion de “passeur” dans le champ de la critique de films, Serge Daney incarne, près de vingt ans après sa disparition, la figure modèle du “journaliste critique”. Au sein du même journal,Libération,un autre journaliste, Robert Maggiori, déploie depuis trente ans un geste similaire dans le soin porté à analyser des livres, à la fois au plus près de sa matière et de son lecteur.
Comme le cinéma pour Daney, la philosophie occupe Maggiori à plein temps depuis qu'il est entré àLibé,dès sa création au milieu des années 70. Au gré des semaines et des années, ses recensions ont construit une oeuvre en soi, erratique, “journalistique”, qui ne tient qu'à un fil : celui de ses propres errances dans le monde de la pensée.
Dans son nouveau livre,Le Métier de critique, journalisme et philosophie,Robert Maggiori se prête à un exercice de retour sur soi qui esquive le cadre trop frontal d'une démarche égotiste pour proposer une réflexion pratique sur les règles de son métier, comme un discours de la méthode. Le récit incarné de son expérience àLibéest ainsi doublé d'un “métarécit” : plutôt qu'une autocélébration d'un critique en proie à ses petites souffrances sans intérêt, son livre cherche à comprendre comment s'est inventée une manière d'écrire sur les idées.
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