Chroniques Mystérieuses
La légende de la Cité d'Is (Ys)
Conflit fantastique entre paganisme et chrétienté.
Au
V éme Siècle de notre ére, le bon roi Gradlon règne en maître sur la
Cornouaille. Par amour pour son unique fille, Dahut, il fait construire
une cité merveilleuse qui bravera les flots de l'actuelle baie du
Douarnenez. Mais la colère divine s'abattra sur Is annonçant la
disparition des anciens cultes et le triomphe de l'ère chrétienne...
Quelle
merveilleuse légende que celle d'un roi chrétien qui construira la plus
belle et la plus opulente ville de toute l'Armorique avec l'aide des
Korrigans, personnages folkloriques appartenant à la plus pure tradition
celtique.
La légende raconte...
Le grand roi Gradlon
(Gradlon Meur ) avait enlevé, au cours d'une expédition maritime sur les
côtes de Scandinavie, une fée guerrière , qui était morte en lui
donnant une fille, Dahut. Obsédé par la disparition de son épouse, il
n'avait jamais retrouvé femme et avait élevé seul la petite Dahut qui
était devenue une magnifique princesse. Lors d'une partie de chasse dans
la forêt de Neved, le roi avait fait connaissance de saint Corentin,
ermite chrétien qui avait réussi à le convertir à la nouvelle foi alors
que sa fille restait profondément attachée aux anciens cultes. Pour
contenter son enfant, Gradlon lui fit construire une magnifique citée:
IS. Elevée sur un polder, elle était protégée de la mer par une digue.
Des écluses, construites avec l'aide des Korrigans invoqués par Dahut,
s'ouvraient à marée basses pour évacuer l'eau des rivières et se
refermaient lors du flux. Les portes de la mer ne pouvaient s'ouvrir
qu'au moyens de lourdes clés que le roi conservaient sur sa poitrine.
IS
aurait donc couru peu de danger si elle n'avait été une cité aux mœurs
dissolues, où la fille de Gradlon menait une vie de débauche et prenait
chaque soir un nouvel amant qu'elle faisait étrangler au petit jour
entraînant avec elle toute la population à se livrer aux pires
dérèglements. Saint Gwenolé venait souvent de Landévennec pour tenter de
rétablir la situation, mais les habitants ne l'écoutait guère ainsi...
Dieu décida de livrer la ville à Satan.
Un prince inconnu fit son
apparition dans la majestueuse citée d'Is et subjugua Dahut de son
regard brûlant. Pour lui plaire, elle déroba au roi son père les
fameuses clefs d'or et les lui remit. La marée était à son plein lorsque
les écluses furent ouvertes, le flots se précipitèrent et engloutirent
la ville. Grâce à Saint Gwenolé, le roi Gradlon put se sauver à cheval,
mais il dut pour cela, à la demande de l' évêque, repousser sa fille de
la croupe de la monture, alourdie par le poids de la pécheresse. Ainsi,
Gradlon poussa sa fille bien aimée dans les flots déchaînés et réussi
ainsi à sauver son existence et celle de Saint Gwénolé.
Derrière eux, la mer recouvrait les toits des plus hauts édifices de la cité...
Les cloches de la cité sonnent encore...
Dans
la mythologie celtique , Yann Brekilien nous affirme que " La
submersion de la ville par un raz de marée, au Véme Siècle, a toutes les
chances de n'être pas une légende, mais un fait historique dont le
peuple a gardé un souvenir horrifié. Lors de certaines grandes marées,
il est arrivée que la mer, au fond de la baie de Douarnenez, découvre
des vestiges de construction et, sur la grève de Trezmalaouen, voisine
de Ris, une forêt de chênes et d'ifs couchés, les racines vers le large,
les branches vers la terre ferme. De plus, bon nombre de chaussée
romaine convergent vers le fond de la baie de Douarnenez et s'enfoncent
sous les eaux ... "
Nous avons pu constater nous même que sur la
grève du Ris, à 2,5 km à l'est de Douarnenez, on peut voir aux grandes
marées, un fragment de mur en brique romaine enfoncé dans le sable...
D'ailleurs, l'enfoncement progressif, sous les flots, de la côte
armoricaine est bien connu des géographes.
Ainsi, la merveilleuse
cité d'IS bien qu'engloutie, ne semble pas totalement détruite. On
raconte que les pêcheurs de Douarnenez, quand la mer est calme, on en
bien des fois entendu sonner les cloches...
Paris engloutie ?
Is
était la plus belle des capitales. Aussi, après sa disparition, Lutéce à
vu son nom changé en Par Is qui signifie en Breton " pareille à Is ".
D'ailleurs, une vieille Gwertz bretonne semble bien vouloir affirmer
qu'un jour, la capitale armoricaine resurgira des eaux et retrouvera sa
splendeur au détriment ... des parisiens.
Pa vo beuzet Paris
Ec'h adsavo Ker Is
Quand Paris sera englouti
Resurgira la ville d'Is. (c'est pas beau, ca ?)
Qu'est ce qu'un Korrigan?
Petits,
ridés, malingres, mais d'une force prodigieuse, les Korrigans sont des
êtres féeriques qui hantent les côtes bretonnes, dansent la nuit autour
des menhirs et jouent des tours aux pauvres humains qui tentent de les
approcher. Ils sont présents dans la légende d'IS car, Dahut, qui
possédait de sa mère le secret des anciens dieux, les a contacté et
sollicité pour la construction des portes de la cité. Ainsi, ce sont les
korrigans qui ont élaborés le mécanisme des écluses.
Ci-contre, l'illustration de la Ville d'Ys est de Mark Mosnier, qui a aussi dessiné le Barde de Granit sur www.magicien-bretagne.fr