Tête chargée, pleine, confuse, fatiguée. C’est le genre d’expression créole que tu utilises pour dire que tu ne sais plus où donner de la tête, que t’en as plein les bobettes. J’aime ce lien entre la tête et les bobettes... il faudra que je’y revienne. Il y a aussi tèt frèt (tête frette en québécois ou tête froide en français). On appelait à la tèt frèt au moment du vote. Réfléchissez bien, ne vous laissez pas prendre par l’émotion, ayez la tête froide. Le même refrain de tèt frèt est sur plusieurs lèvres depuis quelques jours. Tout le monde voudrait bien que les perdants gardent la tèt frèt. Déjà, des partisans de Martelly ont annoncé qu’Ayiti ap cho (ça va chauffer) ou que Nap boule peyi la (on va bruler le pays) s’il fallait que Manigat coiffe le chauve à l’arrivée. Tèt cho (tête chaude), ce sont ceux qui se prépareraient à tout faire sauter si la tête chauve (tèt kale) ne prend pas le grand siège. Les commerces de Pétion-Ville se sont drapés de plywood pour éviter de trop grande perte au moment de l’annonce des résultats. Des écoles seront fermées lundi. Tout le monde est tèt chaje, ils ont peur de ceux qui sont tèt cho, en espérant que ceux qui le peuvent, ramènent tout le monde à un état de tèt fret. Je devrai un jour pouvoir prendre quelques heures (peut-être quelques jours) pour bien comprendre comment un peuple si paisible, si pacifique, puisse sombrer dans la violence dès qu’il est question de politique. Vous me direz encore qu’il y a toujours des politiciens pour ‘financer’ la violence. Je sais...