J'ai déjà eu l'occasion de le feuilleter pendant toute une soirée et j'attends avec impatience d'avoir un peu de temps pour me plonger dans ce qui me semble déjà être un nouvel ouvrage de référence sur le sujet. Mais pour vous donner une première impression, c'est vraiment très très intéressant même pour le non spécialiste que je suis. C'est très bien écrit, et on se laisse porter par l'histoire dans l'Histoire. J'aime beaucoup.Rémi étant un fidèle du blog, il a accepté de se prêter au petit jeu de l'entretien pour les lecteurs du blog, afin de nous en dire plus sur lui, ses recherches et son ouvrage.Rémi, quel a été ton parcours jusqu'à la parution de l'ouvrage?Après deux années de khâgne à Orléans et une licence d'histoire, je me suis orienté vers un master en histoire du livre à Tours, au Centre d’études supérieures de la Renaissance. J’y ai consacré mon mémoire à la carrière de Charlotte Guillard, veuve des imprimeurs Berthold Rembolt et Claude Chevallon. Je poursuis aujourd’hui cette recherche en doctorat. Parallèlement je collabore au projet de numérisation des Bibliothèques Virtuelles Humanistes.Comment l'idée de cet ouvrage a-t-elle germé? À la fin de l’année 2009, j'ai été mis en contact avec Yves Perrousseaux, qui recherchait des photographies pour illustrer son Histoire de l'écriture typographique. Comme je m'intéressais à l’histoire de la calligraphie, il m'a demandé quelques renseignements sur le sujet, avant de me proposer la rédaction d'un livre consacré aux rapports entre typographie et calligraphie. Ce vaste sujet dépassait de loin mes modestes compétences. Cependant, depuis plusieurs années je rassemblais de la documentation sur les caractères de civilité. J’ai donc proposé à Yves d’aborder les rapports entre typographie et calligraphie à travers l’histoire de la lettre de civilité.Mais que sont les caractères de civilité ?Gravés par Robert Granjon en 1557, les caractères de civilité imitent la gothique cursive des secrétaires français de la Renaissance.
Plusieurs auteurs s'étaient auparavant intéressés à l’histoire des caractères de civilité. En 1966, Harry Carter et Hendrik Vervliet ont publié en anglais un livre entièrement consacré au sujet. Leur livre, qui recense les polices gravées à la Renaissance et étudie leurs origines, demeure une référence incontournable. Il n'était bien sûr pas question pour moi de « refaire » le Carter-Vervliet, mais d’adopter une approche différente du sujet : d'une part, en ne m'intéressant pas exclusivement au graphisme des caractères mais à leur utilisation par les imprimeurs (pour quels textes?) et à leur réception par le public (avaient-il du succès?) ; et d'autre part, en élargissant le cadre chronologique de cette enquête. On connaît bien l’histoire de l’invention de cette typographie, mais on n’avait pas encore regardé précisément ce qu'elle devenait aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cet élargissement du cadre chronologique m’a permit de montrer que les caractères de civilité disparaissent totalement des presses françaises dans la seconde moitié du XVIIe siècle, pour ne réapparaître qu'en 1703 avec la publication des Règles de la Bienséance et de la Civilité chrétienne de Jean-Baptiste de La Salle.