Surprise et fureur d’une de mes clientes cette semaine : elle venait de réaliser qu’elle allait avoir l’année prochaine un entretien « senior » puisqu’elle aurait 45 ans. « J’ai des jeunes enfants au Lycée et je suis déjà une vieille ! ». Si l’âge de la retraite recule, celui de l’entretien professionnel de carrière (« senior ») n’a pas changé. Moralité : l’entretien de deuxième partie de carrière se fait à moins de la moitié du parcours professionnel. Mais au fait, est-ce que ces entretiens annuels aident à orienter sa carrière ? Voici extraits du site sur Linkedin d’anciens d’une grande compagnie internationale sur comment ces ex collaborateurs ont vécu, à travers le monde, le système d’évaluation interne.
Le verbatim recueilli (sur une vingtaine de commentaires)
Les aspects positifs
- « Le principe est bon »
- « Le système bien utilisé et appuyé par une franche discussion avec le collaborateur est un outil efficace de partage »
- …
Les aspects négatifs
- « Rien n’arrive à ceux qui n’atteignent pas leurs objectifs (en termes de résultats ou de compétences). Ils ne sont même pas aidés. Ceux qui ont de très bons résultats en deviennent cyniques »
- « Des évaluations subjectives sans arbitrage indépendant d’une tierce personne »
- « Des systèmes de notation qui changent en permanence ce qui empêche toute comparaison dans le temps »
- « Les politiques de primes, d’augmentation de salaires et de promotion en sont complétement déconnectées. Il existe donc un système parallèle avec d’autres critères »
- « C’est un système de gestion de salaires et non de performances qui entérine des décisions déjà prises »
- …
Faut-il alors jeter le bébé avec l’eau du bain ? L’entretien d’évaluation (et ses autres avatars) a l’avantage d’institutionnaliser un dialogue. Ce dialogue peut être subjectif, mais il a le mérite d’exister. A titre professionnel, j’ai animé pas mal de formation sur ce thème tant pour des évaluateurs que pour des évalués et il y a une attente…des évalués.
Seulement, il ne se suffit pas à lui-même : ce verbatim exprime aussi de la part des salariés une attente et une reconnaissance de leurs compétences. N’en espérez toutefois pas tout :
- D’une part, sur un plan technique, il existe d’autres moyens de connaître ses compétences (que ce soit par un bilan de compétences, ses relations professionnels, ses amis…)
- D’autre part, sur un plan informel, un entretien n’a de valeur que si vous avez-vous-même un objectif en tête : si vous entrez dans un entretien d’évaluation en pensant à votre salaire ou à votre orientation de carrière, votre grille de lecture ne sera pas la même.
Soyez clair sur ce que vous en attendez, cela rendra peut-être le dialogue plus fructueux pour vous et… votre carrière. A ce propos, ma cliente (celle évoquée ci-dessus) en a finalement conclu qu’elle n’avait pas beaucoup d’horizon d’évolution à court terme et qu’elle devrait prendre son destin en main : rester ou partir. Comme quoi, finalement l’idée du futur entretien a du bon : se poser des vraies questions.