Existe-t-il un style Minuit ?

Par Benard

APPEL À CONTRIBUTION

Information publiée le vendredi 1 avril 2011 parMatthieu Vernet(source :Karine Germoni)

Date limite : 4 septembre 2011

« Existe-t-il un style Minuit ? »

23-25 mai 2012 - Université de Provence (Aix-en-Provence)

C'est en février 1942 que paraîtLe Silence de la merde Vercors, le premier ouvrage publié par les Éditions de Minuit, fondées clandestinement dans la France occupée par Pierre de Lescure et son ami Jean Bruller, dit Vercors. Le premier tirage est de quatre cents exemplaires, mais très vite le livre constitue un phénomène tant sur le plan littéraire que politique. Cette double orientation de la maison d'édition, littéraire et politique, va perdurer, ainsi qu'en témoigne l'histoire de sa direction et de ses publications.

Le 10 octobre 1945, les Éditions de Minuit clandestines deviennent une société anonyme. Jean Lescure est nommé au mois de mai 1946 directeur littéraire de cette nouvelle structure. Il est assisté de Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Georges Lambrichs. En décembre de la même année, il se retire. Lambrichs occupe alors la fonction de secrétaire du comité de lecture, mais c'est Vercors qui continue à dessiner la ligne éditoriale. Il désire que les Éditions de Minuit demeurent une maison d'édition engagée. Il publie notamment nombre d'ouvrages sur la résistance écrits par des résistants. La période couvrant les années 1945 à 1948 est financièrement difficile. En 1947, les familles Baur, Lindon et Rosenfeld injectent trois millions de francs dans la société. En mars 1948, Marcel Rosenfeld verse à nouveau deux millions de francs. Puis, en 1949, Vercors se retire des Éditions de Minuit et Jérôme Lindon en devient le directeur. La ligne éditoriale est transformée : seule la collection « documents » demeure engagée, les oeuvres littéraires publiées n'étant plus soumises à cet impératif. Depuis 1948, les Éditions de Minuit publiaient aussi la revue84, mais son existence s'interrompt en 1951.Critique, fondée en 1946 par Georges Bataille, qui a obtenu en 1948 le prix de « la meilleure revue de l'année », et qui se situe au carrefour de la philosophie, de la littérature, de la religion et de l'économie politique, continue en revanche à paraître. De jeunes écrivains, tels Butor et Robbe-Grillet, y publient leurs premiers articles. La parution en 1951 deMolloy, roman de Samuel Beckett, bien qu'elle ne suscite pas un succès commercial, marque néanmoins le « tournant littéraire » pris par la maison d'édition.

Cette année-là, la petite maison d'édition accroît son importance en procédant au rachat des Éditions du Sagittaire. En 1954, Georges Lambrichs démissionne et l'année suivante Alain Robbe-Grillet devient conseiller littéraire. Il le demeurera trente ans durant. C'est à son initiative que seront publiés Claude Simon, Robert Pinget, Claude Ollier, et tous ceux que l'on dénommera « les Nouveaux Romanciers ». Toutefois, la ligne éditoriale ne se détourne pas de la mission d'engagement qui fut dès l'origine la vocation de la maison. Entre 1957 et 1962, les Éditions de Minuit publient vingt-trois plaquettes concernant l'Algérie et la guerre qui se déroule sur son sol. La parution en 1958 deLa Questiond'Henri Alleg attire tout particulièrement l'attention du public sur la pratique de la torture à laquelle recourt régulièrement l'armée française. La présence parmi les signataires du « Manifeste des 121 » de Jérôme Lindon et des écrivains du Nouveau Roman démontre l'articulation qui existe au sein de la maison d'édition entre le souci d'un renouvellement esthétique et l'adhésion à des valeurs éthiques possédant une indéniable portée politique.[1]

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