Rango est un petit lézard craintif en pleine crise d'identité, qui se retrouve par hasard dans son milieu naturel. Il arrive à Poussière, petite ville de l'Ouest américain, et se fait bientôt passer pour un grand héros après avoir involontairement tué un faucon. Mais un autre danger menace les habitants: ils manquent d'eau. Une nuit, la banque détenant la réserve d'eau de la ville est pillée. Rango et ses amis partent à la poursuite des bandits, mais reviennent bredouilles. Quand on découvre que Rango n'a jamais rien fait d'héroïque de sa vie, il est chassé de Poussière. C'est alors qu'il découvre que les pilleurs d'eau sont les humains, qui ont construit une ville moderne en plein désert américain, et exploitent toutes les ressources naturelles des environs. Finalement Rango sauvera la ville et la débarassera de son maire véreux.
Axé sur un discours écologique sans jamais en faire trop, Gore Verbinski fait en plus de nombreuses références au cinéma. Si le cinéma d'animation a retrouvé une nouvelle et très énergique jeunesse tout en s'ouvrant paradoxalement aux adultes, "Rango" va plus loin en s'imposant comme un pastiche des grands westerns. En effet, quelques cinéastes ont récemment tenté de renouveler le genre (Ed Harris, les frères Coen, James Mangold...), mais l'âge d'or du western est bel et bien du passé, et si Gore Verbinski ("Pirates des caraïbes") rend hommage à Clint Eastwood dans "Rango", il le fait apparaître comme mort. Le film est rempli de clins d'oeil (les personnages et la poursuite dans un canyon sortent tout droit des premiers "Star Wars", les effets visuels sont dignes des films d'action américains, Rango finit au paradis comme Scrat dans "L'Âge de glace", et dans un premier temps, il n'a pas d'amis, comme un certain Mark Zuckerberg, les quatre hiboux ont à la fois le charme des personnages Disney et du chat de "Shrek"). La première scène vaut le détour à elle seule en accentuant le côté illusoire du cinéma.
Quinze ans après "Toy Story", l'animation semble être très en avance sur son âge. Alors que chaque nouveau film apporte son lot de trouvailles géniales et d'intelligence simple (selon le syndrome "Steamboat Willie", premier film d'animation grand public en 1928), au point de laisser croire que personne ne fera jamais aussi bien, "Rango" réussit le tour de force de réinventer le cinéma au profit du cinéma d'animation, de montrer de façon simple et honnête l'importance de préserver la planète et le futur, et de plaire à tous avec un scénario bien ficelé, des personnages attachants et des vraies idées de réalisation et de créativité. Et réussit à nous faire définitivement pardonner à Johnny Depp d'avoir joué dans "The tourist".