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Le chercheur d’embrouilles

Publié le 02 avril 2011 par Jlhuss

Les métiers d’avenir  :

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On ne naît pas chercheur d’embrouilles, on le devient. Aussi long que rude l’apprentissage du métier demande  patience et abnégation. Chercher l’embrouille est plus qu’un métier, c’est un art dont l’exercice n’est pas à la portée du premier venu. Sa pratique requiert des qualités que ne possède pas le commun des mortels. Les simples amateurs agiront donc sagement en se limitant, à la quête des noises ou, des querelles, lesquelles naissent plus facilement que les champignons après la pluie. C’est simple : Depuis Caïn et Abel, personne n’est jamais rentré bredouille d’une journée consacrée à la recherche des noises ou des querelles.
Il en va tout autrement de l’embrouille. Si, un peu à la manière des chardons ou des orties dans les potagers peri-urbains, la noise et la querelle apparaissent de façon spontanée et ne nécessitent aucun soin spécial pour croître et se multiplier, l’embrouille demande une attention et des soins tout particuliers. La raison en est simple. Pour qu’un chercheur d’embrouille arrive à ses fins, il ne peut s’en remettre à la nature. Une embrouille de qualité, la seule qui vaille, nécessite qu’on procède à un mélange parfaitement dosé de mauvaise foi, d’agressivité gratuite, d’égoïsme aveugle et de rapacité bornée. L’opération des plus délicates et ne peut réussir que si rien n’est laissé au hasard.

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La conclusion s’impose : qui veut trouver une embrouille doit commencer par la créer lui-même en ne comptant que sur son intelligence qui doit être retorse et sur son imagination dont il est indispensable qu’elle soit pernicieuse. Ces qualités ne sont pas, on en conviendra, à la portée du premier venu. On ne les trouve réunies que chez quelques individus exceptionnels dont les mérites sont rarement reconnus et encore moins fréquemment appréciés ce qui est une injustice notoire.  Si on se limite, pour ne vexer personne, aux exemples tirés de la littérature, qui se souviendrait encore d’Othello et de Desdémone si Iago n’avait pas eu l’heureuse idée de semer la zizanie dans leur ménage ? Que serait devenu d’Artagnan s’il n’avait pas trouvé pour exercer sa bravoure, une adversaire de la taille de Milady de Winter ? Quand on examine objectivement le fond des choses, et qu’on veut bien abandonner des préjugés d’un autre temps, on est contraint de reconnaître que les chercheurs d’embrouilles comptent parmi les plus grands bienfaiteurs de l’humanité.

C’est pourquoi on ne peut trop saluer les efforts de certains de nos dirigeants politiques pour se hausser au niveau de ces héros du roman ou du théâtre, en produisant des embrouilles dignes de leurs modèles. Dans ce domaine, je le dis avec tristesse, l’opposition, pourtant héritière d’une illustre tradition, est, une fois de plus dépassée. Manuel Valls ou Arnaud Montebourg ont bien tenté, à plusieurs reprises, de semer l’embrouille au PS, leurs tentatives ont échoué pitoyablement. Même les prochaines primaires risquent d’être décevantes.  Les Verts font ce qu’ils peuvent, mais, même bio et sans OGM leurs embrouilles sont de très mauvaise qualité. Quant à l’extrême-gauche, mieux vaut n’en rien dire, tant elle a dégénéré depuis les époques glorieuses des procès de Moscou, de la Bande des quatre et des exclusions en série de la IV° Internationale.

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Heureusement, il y a la Droite. L’exploit réalisé par le sémillant Jean-François Copé avec son débat sur la laïcité-qui-est-en-fait-un-débat-sur-l’Islam-mais-chut-il-ne-faut-pas-le-dire, rappelle et dépasse la, déjà très belle, performance d’ Eric Besson promoteur du débat sur l’identité nationale-qui-était-en-fait-un-débat-sur-l’immigration-mais-chut-il-ne-fallait-pas-le-dire. Il faut bien du talent au chef de l’UMP pour battre en moins de deux semaines, un record que son prédécesseur avait mis six mois à obtenir  Qu’il prenne garde cependant. Nouveau venu sur la scène politique, Claude Guéant montre pour la culture de l’embrouille des dispositions on ne peut plus prometteuses. On peut attendre de lui de très belles surprises. Rien d’étonnant d’ailleurs, ne vient-il pas de passer trois ans à l’école de celui qui était, jusqu’à une date récente, le maître incontesté des chercheurs d’embrouilles ? J’ai bien dit « était » car le métier de chercheur d’embrouilles n’est pas sans danger. L’embrouille est sournoise par nature. Si, par malheur, elle échappe à celui qui la trouve, elle peut lui causer les plus graves ennuis. Une de ses plus redoutables conséquences est l’apparition, à la faveur d’une intrigue mal conduite, d’un nouveau chercheur d’embrouilles doué, à un niveau supérieur, de toutes les qualités de son prédécesseur. Rien n’est encore certain, mais il se murmure que le maître aurait fait naître un de ces êtres effroyables. Il serait d’autant plus à craindre qu’il s’agirait d’une chercheuse d’embrouilles qui est à son homologue masculin ce que les goules sont aux simples vampires. Espérons que cette rumeur est sans fondement. Dans le cas contraire, il ne nous restera plus qu’à prier Sainte Rita  : c’est la patronne des causes désespérées.

Chambolle

[AgoraVox a publié cette note]

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