Sinon, c'est l'autoédition qui guette, et menace de plus en plus
Rédigé parClément S., le vendredi 01 avril 2011 à 14h20
La valeur ajoutée, celle qui justifie un service, est au coeur de l'édition sous forme numérique des oeuvres. Pour les agents littéraires, dont le rôle est de défendre les auteurs, de soutenir et placer les manuscrits, c'est cette valeur qui est justement interrogée.
Dans un long plaidoyer publié surFuturebook, Sonia Lend revient sur son expérience, et ce qu'elle a pu voir. D'abord, l'essor de cette autoédition, venant d'auteurs insatisfaits de ce qu'on leur octroie en termes de droits d'auteur - comment rivaliser entre un 70 % chez les uns, contre un 15 ou 20 % chez son éditeur ?
Si de plus en plus de maisons proposent un contrat à 25 % du produit net, cela n'empêche pas les auteurs de se lancer progressivement à leur compte, en vendant eux-mêmes leurs livres numériques. Évidemment, il n'est pas certain qu'un jeune écrivain puisse profiter d'Amazon pour se faire connaître : là n'est pas la mission du cybermarchand. Mais étant de plus en plus connectés au réseau, les écrivains voient le monde qui change et s'empressent de le rejoindre.Pour voir si l'herbe n'est pas plus verte, derrière la colline.
Le livre numérique, dit homothétique, n'est pas un autre livre. Et en rien différent de celui de la version imprimée pour une très large partie de la production. En fait, c'est simplement le support qui change, rappelle-t-elle. Mais si le support change, alors la diffusion, la vente même changent avec lui. Et si un auteur peut se passer d'éditeur, comment l'industrie se poursuivra-t-elle ? D'autant plus que la jeune génération est déjà en train de penser son avenir avec des livres numériques - sans se préoccuper du format.
C'est pourtant dans la valeur ajoutée que les éditeurs peuvent faire la différence. D'abord, en augmentant les droits perçus par l'auteur sur son livre. «Si un éditeur offre à un auteur 50 % du produit net de la vente d'un ebook, un agent n'ira pas tenter de poursuivre la négociation, même si l'auteur peut obtenir 70 M chez les revendeurs en ligne.»
Et surtout, arrêter d'arguer que les maisons sont financièrement pénalisées à cause de l'économie numérique. «Peu importe la façon dont un éditeur essaie de dissimuler les chiffres, les marges de profit dans la vente d'ebooks sont énormes. Il n'y a pas de papier, ni d'impression, ni coût de production, pas de frais de distribution», etc. Les arguments sont connus.
Et avec le temps, la rentabilité augmentera, immanquablement.
Alors, valeur ajoutée, oui. Dans l'efficacité.
Source : http://www.actualitte.com/actualite/25262-droits-auteur-livre-numerique-ventes.htm