Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Un mois que je ne vous avais pas servi de poulet de presse ! Excusez-moi de vous avoir fait poireauter ainsi, mais si vous saviez le boulot que j’ai sur les bras ! Enfin, allons-y…
Nice-Matin (22/03/2011) : Je commence en remerciant notre amie et collaboratrice niçoise Carmen pour m’avoir fait parvenir un article paru la semaine dernière dans Nice-Matin ; elle a d’ailleurs rudement bien fait de m’envoyer cet article-là en particulier, consacré aux objectifs que le préfet des Alpes-Maritimes, monsieur Francis Lamy, fixe aux policiers du département. Je n’ai jamais eu une estime démesurée pour les préfets : le fait qu’ils soient nommés et non pas élus par le peuple me les a toujours faits voir comme une survivance des féodalités de l’ancien régime ; mais là, avec ce que j’ai lu, je les aime encore moins. En effet, monsieur Lamy, tel Pétain appliquant la politique juive de l’Allemagne nazie en devançant les ordres de cette dernière, applique à la lettre la politique du gouvernement en matière d’immigration en devançant même les ordres du pouvoir central, avec la bénédiction de ce dernier représenté par le sinistre de l’Intérieur Claude Guéant. Ainsi, monsieur le préfet a fixé pour objectif aux braves pandores de son département d’expulser 1420 « étrangers en situation irrégulière » comme on dit en langage officiel pour appeler les sans-papiers afin de les faire passer par des délinquants du seul fait de leur présence. Ce n’est là, hélas, qu’une énième manifestation d’une politique consistant à réduire des êtres humains voulant seulement tenter leur chance dans notre pays à de la chair à faire gonfler les chiffres des « reconduites à la frontière » comme on appelle pudiquement les expulsions ; tout ça pour quoi ? Pour satisfaire l’électorat raciste et siphonner les voix du FN ; quand on voit le résultat de cette stratégie, on se dit que ce serait une erreur presque rigolote si elle ne se traduisait, sur le terrain, par ces hommes, femmes et enfants traqués comme des chiens… Et ce n’est pas tout : l’article précise aussi que ce préfet attend aussi des policiers qu’ils renvoient « vers l’Italie 3500 étrangers clandestins » : voilà comme les grands pontes de la République rétablissent la double peine : après avoir été expulsés de France, ils le seront de l’Italie ! On aura vraiment fait un grand pas vers la civilisation quand nous en aurons fini avec toutes ces lois imbéciles qui rendent un innocent hors-la-loi du simple fait d’avoir voulu changer de vie en passant telle ou telle frontière, autant de lois qui ne sont que la retranscription en termes administratifs d’un esprit de clocher médiéval. Qu’en disent les policiers eux-mêmes, dans tout ça ? « Le syndicat Unité-SGP Police a jugé ces objectifs chiffrés inacceptables dénonçant la culture du résultat et ses risques de dérives : ʺOn en demande toujours plus avec toujours moins de moyensʺ » rapporte Nice-Matin. Dois-je comprendre que ces braves agents ne verraient aucun inconvénient à exécuter ces ordres iniques si on leur en donnait les moyens ? Si tel est le cas, je comprends bien des choses sur l’attitude de la police française sous Vichy ! Pour parvenir aux objectifs fixés par leur préfet, ils devront procéder à 6200 interpellations : ça en promet, des délits de faciès et des « tes papiers, Mamadou » et des « descends de ton arbre, bamboula » ! J’ai envie de dégueuler…
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20 minutes Marseille (23/03/2011) : C’est encore Carmen qui m’a envoyé un article paru dans le journal gratuit 20 minutes ; je n’ai jamais eu une estime démesurée pour les journaux gratuits, le plus souvent bourrés de pubs et d’infos divertissantes, mais il faut être ouvert à tout, même si je me demande si 20 minutes, c’est le temps qu’on met à lire le journal ou le temps qu’ils mettent à le fabriquer. Enfin, bref… L’article, signé Aurélie Selvi, mentionne d’abord une affaire qui avait fait peu de bruit, « l’acheminement en TER de clandestins afghans de Cannes à Menton ; ça n’a l’air de rien, mais cela signifie qu’on n’en a toujours pas fini avec les reconduites vers un pays encore en guerre… Ensuite, la journaliste traite à son tour de l’information relayée par Nice-Matin ; apparemment, à la lire, il y a, administrativement parlant, une différence entre les « éloignements », les renvois dans le pays d’origine et les « réadmissions », les reconductions à la frontière. Pour le sans-papier qui avait refait sa vie en France, que l’on brise moralement et matériellement et que l’on traite comme un délinquant, la différence est assez mince ; voilà comment l’État, « le plus froid des monstres froids » dixit Nietzsche, atténue à grands coups de palabres l’horreur de ce qu’il commet… L’article est plus précis que Nice-Matin concernant les propos des policiers à ce sujet : « Nous condamnons fermement cette dérive, qui découle de la politique du chiffre, déplore Frédéric Guérin, responsable départemental du syndicat [Unité-SGP police]. Elle représente une pression supplémentaire pour les équipes. Nous ne sommes pars là pour sélectionner les infractions mais pour faire notre travail. » Vous noterez encore une fois que, sur le principe, le syndicat policier n’a pas l’air gêné… Pour faire partie des forces de l’ordre, en fait, il faut vivre par-delà le bien et le mal, c’est-à-dire exécuter les ordres même les plus iniques, même les plus cruels, et ne protester que quand ils dépassent les moyens matériels… Mais bon sang, policiers, révoltez-vous ! Allez-vous passer toute votre vie à accepter sans broncher de cogner du métèque en ruminant votre désapprobation du bout des lèvres ? L’article fait mention d’un communiqué du préfet Lamy dans lequel ce dernier dit notamment que les objectifs fixés constituent des « chiffres indicatifs, qui ne sont pas une fin en soi » ; merci de cette précision, monsieur le préfet, mais on sait bien que dans votre volonté de vous faire bien voir du pouvoir reagano-pétainiste qui vous a nommé, vous ne manquerez pas d’user de votre pouvoir à l’encontre des policiers qui ne rempliront pas ces objectifs ; de toute façon, même si lesdits objectifs ne sont pas atteints, vous n’en aurez pas moins obtenu cette formidable victoire de centaines d’innocents traités comme des chiens galeux, réalités si bien voilée par de beaux discours pompeusement administratifs… Langue de bois, quand tu nous tiens !
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Le Républicain Lorrain (27/03/2011) : Cette fois, c’est Jérôme qui m’a fait parvenir un article publié dans le journal de la vieille droite rance ; à ce propos, je crois que j’ai enfin compris pourquoi vous l’appelez le Répu : c’est parce que les non-initiés pourraient croire que ça veut dire Le Répugnant… et ils auraient raison. Mais pour une fois, ce n’est pas pour polémiquer que j’évoque ce torchon mais pour signaler un article bienvenu signé Catherine Belin consacré à notre ami Louis Ville. Personnellement, j’attends encore de l’écouter : si quelqu’un acceptait de me mettre de côté un exemplaire de son dernier album (je le rembourserai, ça va de soi) jusqu’à ce que je le récupère lors de mon prochain passage en Moselle, ça m’arrangerait assez. En attendant, ce qu’on dit de ce disque est alléchant : « La galette a le goût de la fumée des blondes qui écorchent la gorge et font plisser les yeux. Une voix âpre – on pense immanquablement à Arthur H ou à Arno – chante des textes poétiques, ciselés. « Une voix d’acteur ». Il y est question de fragilité des sentiments, de lâcheté, du bazar familial à l’italienne, de la vacuité du bla-bla des baratineurs, de la sensualité orientale. Le résultat d’une observation obstinée de l’humanité a pris une forme musicale assise sur le rock et les couleurs du monde, des Balkans à Ferré en passant par Brel et l’Acadie. » Tout un univers que j’apprécie, en somme ! Notez, je comprends qu’on n’aime pas… Est sympathique aussi chez Louis Ville le fait qu’il conçoive son travail comme un artisanat, ce qui le met a priori à l’abri de prendre ces poses d’artiste maudit si chères aux chanteurs qui passent sur France Inter et qui ont de bonne critiques dans Télérama. Très franchement, je ne trouve pas grand’ chose à dire sur cet article qui n’apprend pas des masses à ceux qui connaissent déjà le musicien : dès que le Répu fait autre chose que prendre des positions scandaleuses, il devient moins intéressant – ceci explique peut-être cela. J’en viens à me demander pourquoi Jérôme me l’a envoyé… Ah mais oui, c’est vrai, c’est parce qu’on est explicitement cités à la fin : « Dédicace et rencontre le 28 mars de 16 h 30 à 18 h 30 à la péniche-théâtre La Lucarne, à Metz, en partenariat avec le Graoully Déchaîné. » Ah, on a misé sur le bon cheval avec Louis Ville, on est cité dans un quotidien comme n’importe quel autre medium faisant du sponsoring sans que l’on prenne besoin d’expliquer, même brièvement, aux lecteurs qui nous sommes ! La consécration, quoi…
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Le Télégramme de Brest (21/03/2011) : Au lendemain du premier tour des élections cantonales, l’équivalent finistérien du Ripoublicain lorrain n’a bien sûr pas manqué de donner les résultats canton par canton dans le département. Je vous avais déjà parlé du revers électoral subi par le candidat Daniel Ferelloc qui persistait à se présenter « sans étiquette » mais que le quotidien mentionne tout de même comme « DVD » ce qui ne veut pas dire qu’il soit haute-définition (c’est même plutôt le contraire !) mais qu’il est « divers droite »… Vous voyez, même un journal habituellement cul et chemise avec la mairie de Guilers dont il est le premier adjoint fait mentir ce prétendu apolitique ! Et bien oui, c’est vraiment un mec de droite, mais il n’ose pas le dire parce que c’est un clientéliste de la pire espèce. Bonne nouvelle, comme je vous l’ai déjà dit, sa stratégie n’a pas marché : avec 30,44% des voix au premier tour, une preuve minimale d’amour-propre aurait été son retrait de la campagne, surtout quand on sait qu’il n’a fait que 36% dans sa propre commune ! Et savez-vous comment il a commenté ça ? « Je suis un peu déçu de l’abstention, je pensais faire un peu mieux » ! Mieux dans quel sens ? En descendant carrément sous les 20% ? Il doute de rien, le poivrot municipal !
Je vous laisse apprécier la gueule de l'énergumène et celle de sa remplaçante (cliquez pour agrandir).
Le Télégramme de Brest (26/03/2011) : J’achète le dernier numéro du Télégramme avant le second tour… Oh, que vois-je ? Un article sur le Cacolac ! Quelle bonne idée, c’est la boisson de mon enfance ! C’est à elle que je dois d’être ce que je suis aujourd’hui et je ne connais pour ainsi dire rien d’elle… Alors comme ça elle se vent assez modestement ? Et l’entreprise vient d’être rachetée par Trixaim qui veut lui donner un coup de fouet ? Et ça aura quelle conséquence pour l’emploi des quarante personnes qui travaillent actuellement pour produire ces sympathiques bouteilles ? Ah, on n’en parle pas ? Ça ne m’étonne qu’à moitié… What else ? « Cacolac est une boisson née de la collaboration de deux fermes bordelaises en 1946, sous le nom de Laiterie de la Benauge. Elle est uniquement distribuée en France. » C’est bon à savoir, non ?
Le Télégramme de Brest (28/03/2011) : Vous vous souvenez de mon dessin où un patron de presse pourrie propose deux titres post-électoraux pour sa une ? « Une victoire indiscutable » en cas de victoire de la majorité et « une victoire sans panache » en cas de victoire de l’opposition. Vous pensiez que j’exagérais ? Et bien lisez plutôt comment le Télégramme a commenté le résultat du second tour à sa une : « Victoire sans éclat du parti socialiste » ! Vous voyez, ça, je ne l’invente pas ! Dix-sept points d’avance sur le parti de la majorité et ils appellent ça une « victoire sans éclat » ! Je ne vois pas ce qu’il leur faut de plus ! Sans parler de la « progression forte en voix » que le quotidien attribue au FN alors que le parti de Le Pen a recueilli 100 000 suffrages de moins qu’aux dernières cantonales ! Ça s’appelle de la désinformation, monsieur Coudurier ! Je vais encore me faire engueuler, mais tant pis… À part ça ? Ben, sans surprises, dans mon canton, Pascale Mahé a été confortablement réélue, de même que Pierre Maille à la tête du conseil général du Finistère, la Bretagne reste globalement à gauche, sauf dans le Morbihan ; et encore, même là-bas, Sarkozy l’a dans le cul, le leader de la droite morbihannaise est un villepiniste ! Quand ça veut pas, ça veut pas…
Je persiste et signe (cliquez pour agrandir).
Fluide glacial n°418 (avril 2011) : Bon, un peu de détente, maintenant, avec le mensuel d’umour et bandessinées créé par Gotlib il ya 36 ans. Satisfecit pour ce numéro malgré une vingtaine de pages qui n’ont pas vraiment leur place dans ce journal – à mon humble avis, évidemment : tout d’abord, six pages de Amour, passion et CX diesel de James, Fabcaro et Bengrr ; j’ai déjà eu l’occasion d’exprimer mes réserves concernant cette parodie de feuilleton télé dont je me suis déjà un peu lassé. En parodiant les soaps du style Amour, gloire et beauté, les auteurs enfoncent une porte ouverte, je trouve. Ensuite, neuf pages de Commando Torquemada : je le dis tout net, le style de Lemmens ne me plait pas, il n’arrive même pas à me faire fantasmer sur la bombasse de service (et je suis pourtant assez bon client ! hé, je ne suis pas de bois…) et il faudra plus que l’anticléricalisme, trop didactique pour être seulement subversif, de Nihoul pour m’emballer. Et enfin, quatre pages de Backstage où Mirror et James racontent les déboires de Mick Jagger et Keith Richards adolescents ; c’est déjà davantage dans l’esprit de Fluide qui, historiquement, n’a jamais hésité à consacrer des pages marrantes à ce qu’on appelait jadis la pop music (mentionnons, pour mémoire, l’album de Solé, Gotlib et Dieter, Pop & rock & Colégram) mais…je ne sais pas, il y a un truc qui me gène. Le graphisme de Mirror y est sans doute pour quelque chose : trop propret, pas assez expressif… Enfin, c’est mon avis, hein ! Mais pourquoi y a-t-il ces trois trucs-là dans Fluide ce mois-ci ? Parce que ces trois séries sortent tout juste en album et qu’il faut en faire la promotion… Bon, je ne vais pas critiquer, je serai content qu’on fasse pareil pour moi quand sortira l’album de Delphine et Christine (qui ne sortira pas tant que je n’aurai dessiné au moins 200 strips de leurs aventures ! patience…) ; mais je me demande tout de même si Fluide ne fait pas ça rien que pour camoufler un retard que les auteurs accuseraient dans la livraison de leurs planches ? C’est d’autant mois incongru qu’un dessinateur en retard serait un pléonasme… Enfin, on chipote, il reste quand même cinquante-quatre pages qui ne désorienteront pas le fidèle à l’esprit de Fluide glacial ; mais comment voulez-vous que je fasse un commentaire sur ce qui va bien ? Allez, kenavo !
A la décharge de Mirror, il faut reconnaître que les Stones ont gagné en expressivité avec l'âge... (Cliquez pour agrandir)