Il est possible de rejoindre le centre ville de La Rochelle en longeant la mer depuis le nord par exemple, comme le faisait volontiers l’écrivain Simenon qui a habité la commune de Nieul sur Mer puis, tout près de Marsilly, le manoir de la Richardière... Il venait à la Rochelle sur son cheval qu’il attachait à l’anneau qu’on voit encore sur la façade du café de la Paix. Simenon avait été très sensible à cette ville qui sert de cadre à quelques uns de ses romans comme Le Testament Donnadieu (dont le cadre est celui du domaine de la Richardière), Le Voyageur de la Toussaint (roman sombre écrit en 1941 et dans lequel le lecteur perçoit l’ombre nazie), ou Les Fantômes du Chapelier.
Ecoutons cette confidence qu’il a notée dans un carnet : « J’ai découvert La Rochelle par la mer quand je faisais mon tour de France en bateau. Il y avait une lumière extraordinaire sur les deux tours qui fermaient le port. J’ai dit à ma femme : si un jour nous devons nous fixer quelque part, ce sera ici. »
Le lecteur de Simenon peut mettre ses pas dans ceux de ses personnages qui déambulent au gré d’une ville sombre, inquiétante et peuplée de notables souvent peu intègres. Le décor brumeux de La Rochelle fournit en effet un cadre idéal au roman noir. Impasses du côté de la Rue du Minage, impasse « Tout-y-Faut » où se situe la maison de l’assassin dans Les Fantômes du Chapelier, impasse du Capricorne, impasse des Poissons, Impasse de l’Ecrevisse. Le ciel est décrit « comme une immense écaille d’huitre, avec les mêmes tons irisés qui se fondaient comme une nacre », le temps s’écoule étrangement, « ce temps ouaté, cet univers blanc et gris dans lequel les sons, particulièrement les sirènes des navires, devenaient plus aigus, sinon déchirants... Cela rappelait Trondheim, cela rappelait à Gilles tant de villes du Nord ».
Et pourtant, un jour contraint de quitter la ville, le romancier d’origine belge conclura : « La Rochelle, une des villes au monde que j’ai le plus aimées »