Peinture de Geralby
Je t’invite en ces lieux que tu ne connais pas,
Ne prends pas ta valise, c’est juste à deux pas.
Ce voyage est de ceux où l’argent n’a pas loi
Ton cœur te suffira si tu pars avec moi.
Je t’invite à venir vers ces gens sans foyer
Où le seul compagnon n’a pas droit de cité
Dans ces havres d’un soir où ils auraient sans doute
La chaleur d’un repas, la douceur d’une écoute.
Je t’invite à franchir le seuil de l’hôpital
Où l’espoir s’accroche mais ne cache que mal
La souffrance d’un corps que la vie abandonne,
La panique d’une âme quand le glas résonne.
Je t’invite aux bidons de tous ces immigrés
Venus quêter chez nous un peu d’humanité,
Ce n’est pas de gaité qu’ils ont fui leur pays
Mais n’ont trouvé ici que rejet et mépris.
Je t’invite en l’église pout te recueillir,
Tenter par un regard d’apaiser les soupirs
Des parents que l’enfant ne fera plus chanter
Si ce n’est pour tenir sans jamais oublier.
Je t’invite partout où la vie est cruelle
Au détour d’un malheur, au coin d’une ruelle
Où des corps éperdus dans leur adversité
Espèrent notre main tendue en amitié.
Je t’invite à présent où se trouve la joie
D’une vie qui scintille et comble notre émoi
Et pour notre plaisir nous goûterons ce vin
Qui nous fera danser jusqu’au petit matin.
Si tu fais avec moi ce chemin vers les autres
Tu comprendras enfin quelle chance est la nôtre,
Tu sauras apprécier le moindre de tes biens …
Je t’invite à ne plus jamais pleurer pour rien !
Texte de Simone Le Vaillant