merci à Catherine Créhange pour ce dessin qui résume si bien notre pensée… Toutes mes plus chaleureuses recommandations pour son blog, Un dessin par jour. Car de bons dessins valent souvent mieux que de mauvais billets.
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La position du Président français à Tokyo quant au nucléaire, telle que décrite ici, m’est apparue particulièrement inacceptable, surtout à la veile du coup d’envoi de la 9ème semaine du dévelopement durable, dans la mesure où elle se montre le reflet de ce capitalisme prédateur qui s’avère complètement déconnecté de la réalité, et qui n’hésite pas à tirer profit non seulement des crises qu’il a lui-même générées, mais des pires catastrophes dont l’industrie elle-même est coupable. Prospérer sur la misère du monde, et le malheur des autres, voila qui manifestement ne répugne donc pas à notre si mauvais Président, accompagné de son experte en technologie nucléaire, Anne Lauvergeon, qui est également, accessoirement, patronne d’Areva qui, à ma connaissance, n’est pas une entreprise philanthropique. Cela se confirme d’ailleurs par le classement de cette personne dans le magazine Forbes des femmes les plus puissantes du Monde (9ème place en 2009, quand même…) Cela ne serait-il pas, par hasard, source évidente de conflit d’intérêt ?
Ce constat posé, et les différentes pièces du procès en hérésie écologique examinées Point, du Parisien et d’autres…), il nous est loisible à présent, quelles que soient nos orientations politiques, de diriger nos réactions sous l’angle moral, qui a définitivement montré ses limites dans le passé (l’histoire semble hélas ne servir à rien, puisque l’extrême droite, pour seul exemple, accompagné de son racisme intrinsèque et de sa xénophobie consubstantielle réapparaissent de nouveau, bien que ce soit sous une forme différente) ou de tenter de proposer autre chose, un autre monde possible. Je fais partie de ce camp là, contrairement à ce que mes détracteurs habituels peuvent laisser à sous entendre : gauche de transformation, et non d’accompagnement des modèles dominants. Tout ce que je reproche au PS est là : il fut ainsi libéral quand c’était à la mode…
Mais pire que cette position cynique du Président de la république française qui donne même là une si mauvaise image de notre pays en nous faisant passer pour de vulgaires vautours, il y a… le mensonge :
« Le problème est un problème de norme de sûreté plus que de choix de l’énergie nucléaire, pour laquelle il n’y a pas d’alternative à l’heure actuelle, poursuit le locataire de l’Elysée, appelant à la mise en place de règlements internationaux.
Comme si le seul problème était celui des normes de sûreté nucléaire en vigueur dans le monde… Les japonais seraient donc coupables de négligence, contrairement à nous autres, bons français, plus sérieux… Cette déclaration révèle non seulement une grave erreur de diplomatie vis-à-vis du peuple japonais qui a, peut-être, été déjà suffisamment éprouvé comme cela, mais également un mensonge grave (je vais tenter d’expliquer pourquoi ci-après), et une tentative de manipulation de la population éhontée.
En effet, il n’est pas vrai qu’il n’existe aucune alternative au nucléaire. Il s’agit essentiellement d’une question de volonté politique réelle et de la capacité des partis dominants et du pouvoir à résister au lobby nucléaire, effectivement très puissant comme il l’a été démontré de par la position de Mme Lauvergeon en termes d’influence invoquée plus haut notamment.
Sur ce point, il me faudra du temps pour développer mes arguments, qui s’affineront probablement à travers plusieurs billets ultérieurs. En effet, bien que sensible aux questions de protections de l’environnement et de l’écologie politique, raison pour laquelle j’ai également adhéré au Parti de Gauche, à la fois anticapitaliste et républicain, mais aussi écologique, je me suis peu investi dans ce sujet dans le passé. Cependant, comme j’essaie généralement de ne pas parler de ce que je ne connais pas, j’évitais également de commettre des billets sur ce point, jusqu’à l’épisode de Fukushima tout du moins, et du nécessaire débat que nous devons impérativement avoir sur le sujet, car je m’estimais insuffisamment informé des enjeux et des possibilités techniques existantes. Cela ne m’a cependant pas empêché d’adhérer assez vite au Réseau Sortir du Nucléaire et à sa newsletter mensuelle, ici.
Il est donc possible de Sortir du Nucléaire sans nécessairement passer par la bougie, comme le prétendent si volontiers nos détracteurs. Vous pouvez en consulter quelques exemples ici.
Il existe plusieurs études sérieuses, et notamment celle-ci, que j’ai trouvée sur le site du Réseau :
> Téléchargez le pdf de l’étude complète (8Mo)
> Téléchargez le pdf de la synthèse (3Mo)
Mais une autre source de réflexion m’est apparue sans que je le demande ce week-end… Vous avez déjà remarqué comme la vie s’ingénie à nous apporter des pierres adéquates au moment judicieux où nous avions besoin de construire tel ou tel mur ? La mienne a pris la forme du supplément du Monde, avec un dossier intitulé « Dépasser le nucléaire ». Il donne une large place à un prospectiviste du nom de Ray Kurzweil, né en 1948 à New York, qui est également inventeur, entrepreneur, et théoricien high-tech, auteur notamment de Humanité 2.0. La bible du changement. Je ne suis pas croyant, mais je vais aller de ce pas la consulter, et je vous en dirai davantage lors d’un billet qui prolongera utilement celui-ci, qui commence à se révéler peut-être un peu trop long pour votre attention limitée par une fatigue compréhensible de fin de semaine, chargée ou pas. A bientôt, et bien le bonjour par chez vous.
Lire ausssi : l’article de Juan dans Marianne