En se basant sur des relevés océanographiques et atmosphériques de 1948 à 2008 et en appliquant un modèle d'analyse pionnier en Europe pour l'observation des oscillations périodiques, l'IEO a estimé que le niveau de la mer Méditerranée avait augmenté de 15 à 20 centimètres durant le 20ème siècle. Cette croissance annuelle d'environ un millimètre et demi est à comparer aux trois millimètres par an qui ont été observés depuis le début des années 2000, ce qui représente une accélération sensible. Si la tendance se confirme, cela conduirait à une augmentation de 35 centimètres durant le 21ème siècle.
Manuel Vargas Yáñez, coauteur de la seconde édition du livre "Changement Climatique en Méditerranée Espagnole", et membre du Ministère des Sciences et de l'Innovation, soulignait lors d'une conférence de presse en février dernier qu'il était néanmoins difficile d'extrapoler la tendance actuelle aux prochaines décennies. Il existe même des prévisions pessimistes annonçant une augmentation du niveau de la Méditerranée de 60 centimètres au cours du 21ème siècle. Mais comme pour le changement climatique et l'augmentation de la température, il semble qu'il existe un juste milieu entre la négation de toute modification et les scénarios catastrophe.
Les principaux paramètres qui influent sur le niveau de la mer sont la pression atmosphérique, l'augmentation de la quantité d'eau due à la fonte des glaciers et la dilatation de l'eau causée par son réchauffement. En effet, depuis les années 1950 les couches aquatiques superficielles se sont réchauffées dans les mêmes proportions que l'air (0,4 à 0,5°C) tandis que les eaux profondes (jusqu'à 2 500 mètres en Méditerranée) ont également vu leur température augmenter d'environ 0,1°C.
L'augmentation de la quantité d'eau et sa dilatation sont des conséquences directes du changement climatique dont il est difficile de quantifier l'évolution au vu de l'importante inertie du système et du nombre de paramètres à considérer. Cependant il est certain que si une nouvelle augmentation de plusieurs dizaines de centimètres du niveau de la mer venait s'ajouter à celle qui s'est déjà produite au cours du dernier siècle, de nombreuses îles et zones côtières densément peuplées seraient affectées. De même, le réchauffement de l'eau pourrait modifier considérablement les caractéristiques physico-chimiques de la mer et les écosystèmes qu'elle abrite.
Pour continuer à observer et à comprendre les phénomènes maritimes liés au changement climatique, l'Espagne peut compter sur la politique active de l'IEO en matière de campagnes scientifiques et de renouvellement des moyens techniques mis à disposition des chercheurs.
Un groupe de scientifiques de l'IEO a ainsi récemment embarqué sur le navire océanographique Odón de Buen pour une campagne de collecte de données s'intégrant au programme "Radmed". Ce programme, financé et dirigé par l'IEO, consiste à étudier la variation temporelle des paramètres physicochimiques et biologiques des eaux méditerranéennes, notamment la température, la densité, le pH et la salinité, ou encore la composition taxonomique des phyto- et zooplanctons. Un travail conjoint de prélèvements in situ et d'analyse des séries temporelles obtenues devrait permettre aux scientifiques de mieux comprendre les conséquences du changement climatique et les mécanismes qui régissent l'équilibre fragile des écosystèmes méditerranéens.
L'IEO a par ailleurs inauguré son nouveau navire d'observation océanographique, le Ramón Margalef, le 21 février dernier à Vigo. Ce lancement s'inscrit dans le plan de renouvellement de la flotte de l'IEO qui attend la livraison d'un navire identique au Ramón Margalef dès 2012. Ce bateau de 46 mètres de long est équipé des dernières technologies en matière de propulsion et d'instrumentation, ce qui lui permettra de se déplacer "silencieusement" et d'effectuer des mesures et prélèvements jusqu'à des profondeurs de 2000 mètres. Le coût des deux navires et de leur instrumentation est estimé à 36 millions d'euros.
L'Espagne aura aussi à sa disposition les résultats de l'Explorateur de la Circulation Océanique et de la Gravité (GOCE), un satellite de l'Agence Spatiale Européenne qui a achevé début mars sa mission de deux ans consistant à cartographier le champ de gravité terrestre. La précision obtenue est sans précédents et permet de tracer la surface du géoïde de la Terre, c'est à dire un océan fictif qui couvrirait le globe en l'absence de courants et marées. Ce géoïde représente une référence fondamentale pour l'observation des dynamiques océaniques et le changement du niveau de la mer. Les données de GOCE et les résultats scientifiques qui en découlent seront dévoilés le 31 mars et 1er avril prochains à l'Université Polytechnique de Munich.
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