Dans le cadre du programme Cinetrafic j’ai vu "Dark Country" de et avec l’acteur Thomas Jane. Le long métrage sort directement en vidéo aujourd’hui et il est distribué par Metropolitan.
Je suis plus que réservé sur le résultat final. C’est l’éternelle histoire du verre à moitié plein, ou à moitié vide, c’est selon. Un fort potentiel à mon sens mal exploité.
A la base le long métrage souffre d’un problème évident de tempo. La première partie de l’œuvre traîne en longueur. Le spectateur s’installe dans un faux rythme qui plombe l’ensemble. L’emballage final est un sursaut trop artificiel pour nous sortir de notre léthargie.
Sur le plan de la trame narrative le rendu est trop linéaire et sans réelles surprises. Peu de péripéties viennent troubler la mécanique et les limites évidentes que l’acteur réalisateur a décidé d’imposer à sa réalisation.
Pourtant le film comporte son lot d’indéniables qualités artistiques et plastiques. Le climat d’angoisse qui étreint les deux principaux protagonistes est très bien restitué à l’écran. Au fil des minutes la chape de plomb nous recouvre et l’ambiance devient de plus en plus étouffante. "Dark Country" suggère parfois plus qu’il ne montre. Le metteur en scène s’en sort brillamment sur ce plan là.
Visuellement des plans de caméra valent vraiment le détour. La photographie est plus que soignée par moments. On sent que le travail de préparation et de repérage en amont a du être fait avec un très grand sérieux. Thomas Jane a doté son film d’un arrière plan pour le moins ambitieux et abouti.
La bande originale participe pleinement à la création de cette atmosphère pesante.
Sur le plan scénaristique le film se présente comme un thriller noir (au sens propre comme au sens figuré) qui bascule à un moment dans le fantastique. La thématique de la faille temporelle s’impose à nos sens très rapidement.
Mais le travail de Thomas Jane manque cruellement d’ambition et d’originalité. Sans faute de goût majeure, ce passage d’un genre cinématographique à un autre obéit à des codes immuables trop respectés à mon goût. Regrettable de la part d’un comédien qui a souvent fait des incursions par le passé dans le fantastique.
Le dernier tiers du long métrage aurait mérité une prise de risques bien plus importante. La volonté de bien faire est évidente, les bonnes idées semblent affleurer mais comme je l’ai déjà signalé le chemin pour y arriver semble trop long, trop mécanique.
Au lien de se lâcher totalement, le metteur en scène a pris le parti d’ancrer son long métrage dans le référentiel. Du coup son œuvre est dépouillée de toute marque d’originalité. Le film perd la bataille de la créativité pendant près d’une heure trente.
Devant ses propres caméras Thomas Jane est plutôt convainquant. L’éternel regard sombre de l’acteur fait une nouvelle fois sensation ici. Sa carrure et sa prestance donnent de l’épaisseur à son personnage. Lauren German est une réelle découverte me concernant et ce petit bout de femme est plutôt à son aise. Ron Perlman fait une apparition plus que sympathique.
"Dark Country" est un long métrage qui ne transforme pas l’essai au final. Le long métrage comporte une puissance narrative évidente, une volonté de bien faire et le tout est dirigé par un réalisateur qui connaît très bien ses leçons. Le résultat est cependant contrecarré par une cadence mal réglée et une volonté de ne pas s’extirper hors des sentiers battus.