Omerta, double-peine et impunité totale: le scandale français de Tchernobyl continue 25 ans après
Les risques et la transparence entourant les conséquences environnementales et sanitaires de la contamination radioactive ravivent le débat sur la menace que représente le nucléaire civil. Alors que les autorités japonaises sont fortement suspectées de cacher des informations cruciales dans le but de minimiser les conséquences des retombées radioactives, la France semble résolue à enterrer définitivement le scandale de Tchernobyl.L’omerta française persiste, puisque les autorités judiciaires s’apprêtent aujourd’hui à blanchir définitivement le professeur Pellerin (1) pour le mensonge entourant l’impact de Tchernobyl en France. Alors que celui-ci a demandé un non-lieu, le ministère public soutient sa demande et requiert un non-lieu général et une clôture de l’enquête, considérant que les analyses scientifiques ne démontrent aucune conséquence sanitaire et aucun lien avéré entre la contamination radioactive et la recrudescence des cancers de la thyroïde à l’époque.
Les députées européennes Michèle RIVASI et Corinne LEPAGE s’indignent et s’insurgent contre un tel processus:
« Alors même qu’André-Claude Lacoste – directeur de l’Autorité de Sureté Nucléaire française – reconnaît que les scénarii de risques ont été mal étudiés et que les niveaux de contamination de Tchernobyl servent à justifier l’innocuité des doses actuelles mesurées au Japon, on ne peut qu’être révolté par l’idée d’un non-lieu dans cet affaire d’Etat.
Il y a dans le cas présent une véritable carence de l’Etat dans la protection des gens, que ce soit le droit légitime à l’information en cas de risque sanitaire majeur mais aussi concernant la nécessité d’un véritable suivi épidémiologique afin que l’on puisse tirer les leçons sanitaires d’un tel accident. Refuser de reconnaître les conséquences sanitaires de Tchernobyl, c’est fermer la porte à une investigation qui pourrait sauver des vies à l’avenir.
Il n’y a donc aucune considération pour les victimes dans un tel jugement: c’est une véritable double-peine qu’on leur inflige. En plus d’être affectées durablement par un cancer de la thyroïde, ces victimes n’ont même pas le droit à la reconnaissance du préjudice subi. C’est une honte que l’Etat s’auto-blanchisse au détriment des droits légitimes des citoyens. Après les nombreux et récurrents scandales politico-financiers, après le scandale du Médiator, on se retrouve dans un nouveau scandale politico-sanitaire qui démontre une fois de plus l’impunité totale dont peuvent bénéficier les protégés de l’Etat.
Nous invitons vivement la CRIIRAD et l’Association Française des Malades de la Thyroïde à faire appel de ce jugement s’opposant à la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui garantit le droit à l’information et la protection de la santé des citoyens. Ils peuvent et doivent saisir les autorités européennes compétentes en la matière. »
(1) pour rappel, le professeur Pierre Pellerin fut responsable de la communication officielle des autorités françaises lors du drame de Tchernobyl, puisqu’il était alors directeur du Service Central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI)
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