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Démocratie et populisme

Publié le 01 avril 2011 par Jlhuss

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La Politique au sens noble est tout sauf “pourrie” comme trop souvent les « populistes » sans responsabilité l’affirment. Elle est au contraire profondément éthique, exigence démocratique et vision. Mais comment y voir clair dans le brouhaha ambiant… ?
N’oublions jamais que le pouvoir confié par le peuple demeure fragile en toutes circonstances : c’est la loi de la démocratie qui ne peut exister que grâce à une qualité d’information éducative.
En terme de « dramaturgie » on peut considérer que les quelques jours passés, avant, pendant et après ces « petites » élections cantonales ont été riches, avec des variantes d’une semaine à l’autre, résultats obligent. On peut parier sans risques que les mois qui viennent en seront riches également.

Nous avons eu en premier lieu l’énorme cacophonie du Front Républicain pour s’opposer à un autre Front, le Bleu Marine. Puis, après les résultats, nous passons à la dramaturgie « UMP, c’est fini », « si on changeait de cheval … », « courage Fillon », ne « Copé pas … » etc. Un vrai délice pour Yves Calvi, C/Dans l’air, C/Politique et autres chroniqueurs dont votre serviteur. Il est vrai que ce brouhaha est assourdissant quand on y ajoute quotidiennement des sondages éliminant Sarkozy d’un second tour en 2012. Un cocasse retour des choses d’ailleurs pour celui qui maniait avec dextérité le même type d’enquêtes en 1994 pour expliquer à tout le monde que Chirac devait renoncer à se présenter à la présidentielle : Balladur l’emportant dans tous les cas de figure. On connaît la suite !
C’est pourtant dans ces moments de tension médiatique, de faiblesse dénoncée d’un pouvoir hésitant, que les esprits forts se dégagent, que les pusillanimes se dévoilent, que les faiblards s’emploient à apparaître comme des héros. C’est humain, normal, il faut aux uns et aux autres s’employer à retrouver des bases solides, des références susceptibles d’être utilisées pour retrouver qui un siège, qui une présidence d’assemblée ou autre … En clair pour conserver un « pouvoir » confié par le peuple mais très facilement révocable. Ici réside la force et la fragilité de la démocratie.
Ces attitudes ne sont pas réservées au niveau National, au local les mêmes ambitions légitimes, les mêmes trahisons mesquines, les mêmes conflits de personnes et de personnalité se font jour en particulier dans ce « troisième tour » des cantonales avec l’élection des Présidents de Conseil Généraux là où une certaine faiblesse a pu se manifester, là où des transmissions ont sans doute été mal préparées ou trop rapidement provoquées par la règle du non cumul des mandats.

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Ainsi, un regard trop pressé pourrait n’enregistrer que les aspects superficiels de la politique, les luttes en apparence inutiles et vaines, les bouffonneries ou la dramaturgie. Ces aspects, s’ils existent bien, ne doivent pas masquer un autre regard plus profond. La politique telle qu’elle s’exerce avec ses défauts et ses apparences parfois rebutantes n’est en fait que la rançon de l’exigence démocratique.
Il faut en convenir, cette démocratie qui suppose la nécessité de convaincre l’électeur, emploie parfois des chemins détestables mais une formule différente et satisfaisante de la gestion du collectif reste à inventer. Relisons ce qu’écrivait Tocqueville à propos des risques de l’exercice démocratique : ” Il y a en effet une passion mâle et légitime pour l’égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands ; mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. » [Alexis de Tocqueville - De la démocratie en Amérique, T. I, première partie, chap. III.]

La démagogie, le populisme, l’utilisation du « sensationnel » de l’émotif sont inhérents à l’exercice. Une condition permet l’amélioration permanente du « système » : l’éducation au sens large, bien sûr, mais au sens des données disponibles pour le plus grand nombre lui permettant de se faire juge. En ce sens l’époque vécue, avec ses excès et ses dérapages, mérite une autre attitude que le simple rejet sans discernement. Elle suppose aussi que le « peuple » sache finalement distinguer le vrai de la supercherie. Laissez-moi la faiblesse de le croire.


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