Lu ce matin dans le journal, les habitants d'un village ne veulent pas d'une soixantaine de Roms qui ont obtenu le droit d'asile et qui devraient être installés dans un hôtel de la localité. L'article cite les mille raisons invoquées, qui sont les mille peurs séculaires face aux gitans. Je ne suis pas dans cette situation, je n'habite pas le village, et je ne suis pas Rom. Donc, il serait malencontreux que j'émette des opinions carrées ou moralisantes. Je ne peux cependant m'empêcher de penser à ce qui s'est passé en France l'été dernier, les expulsions massives de Roms décrétées par le gouvernement. Des actions musclées qui avaient été critiquées par les autres pays de l'UE, y compris par des responsables politiques luxembourgeois.
Voilà maintenant que surgissent au Luxembourg des circonstances concrètes qui mettent à l'épreuve les volontés bien-pensantes.
D'un côté, des 'gens du voyage' à qui on donne le droit d'asile. Ce qui veut dire que leur situation a été analysée par les autorités compétentes et qu'on a estimé qu'il y avait ici une obligation morale pour le pays d'accueillir avec bienveillance ces familles. D'un autre côté, la population d'un village qui apprend que les Roms vont être installés dans l'hôtel local. Peur d'avoir peur. Peur d'un quotidien avec moins de qualité de vie. Peur d'une baisse de la valeur immobilière des maisons du village.
Non, rien n'est facile quand il s'agit de la misère d'autrui, et quand on estime qu'aider à soulager cette misère implique d'être dérangé, d'être menacé ou de perdre des acquis. Rien n'est facile, et je n'ai pas de réponse. Mais j'aimerais beaucoup pouvoir parler avec quelques individus parmi ces gens.