C’est un sentiment de malaise général qui est apparu dans la faible couverture médiatique du congrès du NPA. Un congrès reporté à deux reprises, et qui s’annonçait pour le moins délicat. Sur place, les militants confirmaient que ce congrès, s’inscrivant dans «le creux de la vague militante», n’avait rien de bien attrayant. Se raccrochant aux révoltes en Tunisie et en Egypte comme pour se rappeler à leurs convergences, les trois tendances du parti se sont livrées une bataille épineuse trois jours durant. Drôle d’ambiance pour un anniversaire !
Et pour cause, le NPA apparaît à l’issue de ce congrès dans le même état qu’auparavant : paralysé entre ses trois principales «plate-formes», aucune orientation claire ne transparaît. La direction n’acquiert toujours pas de majorité absolue, se contentant de 40 % des suffrages. Les unitaires apparaissent quant à eux défaits. Six d’entre eux, membres du Conseil politique national (CPN) sortant ont même démissionné du parti. Pierre François Grond appelait ses camarades à «arrêter de jouer au chat et à la souris», précisant que tout accord avec le Front de Gauche était devenu «impossible». De fait, ce statu-quo bénéficie au courant identitaire, qui bien que minoritaire techniquement avec 28 % des voix, semble avoir emporté la bataille de l’orientation.
Et pourtant tout semblait annoncer une remise en cause profonde du parti anticapitaliste. Amputé d’un tiers de ses membres en deux ans, refroidi par son échec aux régionales et recueillant les yeux doux du «camarade» Mélenchon, le NPA aurait pu opter pour une réorientation stratégique. Il n’en fut rien. Et les orateurs à la tribune d’insister sur la nécessité de reconstruire le NPA sur ses propres bases. Les élections apparaissent comme le principal point d’achoppement. L’occasion de s’unir pour certains, un «piège-à-cons» dans lequel serait tombé le NPA pour les autres. Un débat qui n’est pas sans rappeler la LCR, dans le giron de laquelle semble être retombé le parti d’Olivier Besancenot.
Olivier Besancenot lui même ne semblait pas emballé par ce congrès. À l’heure précise où du côté de Montreuil les délégués adoptait sa reconduction au porte-parolat, la caution médiatique du parti était en direct sur le plateau de Nicolas Demorand. Plutôt qu’un congrès, ce rendez-vous est apparu comme un rendez vous manqué, de l’aveu même de la direction du parti.
En fin de compte, le NPA tente de s’inscrire dans la continuité en dépit des critiques. Pas sûr que l’électorat, ni mêmes les «salariés en lutte» tant adulés, ne comprennent cette fuite en avant.