Vous reprendrez bien du colombo?

Par Lisbeth_hugen

René : Bon, maintenant, nous allons passer au rayon traiteur. Alors, si je reprends les chiffres on peut voir une stabilité au niveau des ventes et une augmentation des coûts notamment avec la mise en place d’une gamme de produits exotiques. Jean-Noël, je vous laisse la parole pour expliciter ces chiffres.

Jean-Noël : Effectivement, depuis quelques mois, nous constatons une stabilité des ventes voire même une légère baisse. Afin de diversifier notre offre, nous avons donc essayé de mettre en place une gamme de produits exotiques. Malheureusement, nous pouvons observer que ces produits ne se vendent pas à la hauteur de nos espérances. Depuis une semaine nous avons lancé le colombo de poulet et nous avons écoulé seulement quelques parts…

René : Quelle stratégies mettez-vous en place pour valoriser et faire connaître ces produits à notre clientèle ?

Jean-Noël : On a dédié une part du rayon seulement à ces produits et nous avons mis en place un stand de dégustation…

René : Mmmm, mais visiblement ce n’est pas suffisant ! J’ai bien voulu vous donner le feu vert pour la vente de ces produits de niakwé et de mamadou, maintenant il va falloir vous démerder pour les vendre !

Jean-Noël : Oui, je sais chef. Je suis en train de voir avec le marketing ce qu’ils peuvent faire pour m’aider.

René : Okay, Antoinette, avez-vous eu des idées ?

Antoinette : Effectivement, le colombo c’est de la cuisine des Antilles. L’exotisme du produit passe essentiellement par sa mise en scène ! Actuellement, il est vendu comme la blanquette et le pot-au-feu du coup cela ne peut pas fonctionner, c’est une évidence…

René : Et donc, qu’est-ce que vous proposez ?

Antoinette : Au lieu de mettre en place un stand traditionnel on pensait plutôt aménager une sorte de case de laquelle on diffuserait de la musique antillaise. Le produit serait ainsi remis dans son contexte et cela permettrait aux clients de se dire : « tiens, soyons fous, je vais vivre une expérience exotique et sauvage ».

René : Excellente idée ! On peut même aller plus loin… Par exemple, on peut engager un homme noir qui danserait au rythme de la musique et qui ferait goûter les clients ! Non mais c’est bien connu les antillais ce qu’ils aiment c’est danser ! S’ils savaient faire autre chose ça se saurait… AHAHAHA !

Antoinette : Oui c’est excellent ! On pourrait l’habiller en boubou à carreaux et lui demander de rire très fort et de parler, bien évidemment, avec un accent marqué ! Il faudra juste veiller à ce qu’il ne fasse pas peur aux enfants ! Je pense qu’avec tous ces éléments on peut vraiment faire vendre le colombo car on redonnerait du sens à l’achat de l’exotisme.

René : Parfait ! Jean-Noël, je vous laisse donc mettre en place cette campagne de promotion et régler les divers détails : monter une case et trouver un noir qui veuille bien danser au milieu des rayons. Et bien évidemment, vous vous démerdez pour que cela coûte le moins d’argent possible tout en rapportant un max !

Et voilà, c’est comme ça que la dernière fois que je suis allée faire mes courses, il y avait au milieu de mon centre commercial une offre spéciale pour du colombo. Pour vendre ce produit tant bien que mal, il y avait donc un homme noir, affublé d’un boubou bariolé, dansant au rythme d’une musique antillaise. Discriminant? Réducteur? Mais pas du tout voyons ! Tout le monde sait que les antillais ne savent que danser, que les chinois ne savent que copier, que les filles c’est compliqué, que les hommes ne pleurent jamais, que les gitans sont des voleurs, que les grecs sont tous pédés (ou presque)…

Bon je vous laisse, ayant des origines espagnoles, il faut que je commence à apprendre le flamenco et à voler des sacs à l’arrachée !

NB : Le manque commençait sérieusement à se faire sentir, je me suis donc fait un petit shoot ! Après quelques jours au ski, je repars en bourgogne. Promis, un petit billet souvenirs de vacances dès lundi !