Contrairement à l’image répandue, la Renaissance n’est pas seulement l’influence de l’art Italien dans le reste de l’Europe. Dans les pays du Nord plusieurs courants se côtoient. L’influence du protestantisme qui refuse les images pour la dévotion et une résurgence du courant gothique hérité des maîtres primitifs Flamands. Une nouvelle clientèle de bourgeois aisés commande aux artistes qui produisent dans l’espoir de trouver un acquéreur. C’est le cas de Quentin Metsys (1465 – 1530), il inaugure en 1514 avec « Le Peseur d'or et sa femme » une série de scènes au contenu allégorique et moralisateur qui connaissent un énorme succès et influent la peinture des Pays-Bas jusqu’au XVIIe siècle. Ce tableau est représentatif du courant de la “dévotio moderna” propre aux Flandres qui met en avant la vie spirituelle personnelle. Metsys était un ami d’Erasme (1469 – 1536) humaniste Hollandais pénétré de l’étude des moralistes de l’antiquité et des évangiles qui défendit contre Luther la tolérance et le libre arbitre.
Ce tableau est rempli de symboles qui ne paraissent sans doute pas évidents à nos yeux du XXIe siècle mais qui étaient très clairs pour les contemporains de l’œuvre. N’oublions pas qu’à cette époque beaucoup de gens ne savaient pas lire mais savaient très bien déchiffrer les blasons et les images.
Le tableau montre un banquier pesant ses pièces d’or en présence de sa femme qui délaisse un livre d’heures, Metsys oppose ici la vanité des biens terrestres à la richesse spirituelle. La balance du peseur fait référence au jugement dernier et à la pesée des âmes. C’est aussi la dénonciation de l'avarice et exaltation de l'honnêteté, elle fait référence à cette citation de la Bible « Que la balance soit juste et les poids égaux » (Lévitique).
Le miroir symbolise la prudence, le vase translucide la pureté de la Vierge Marie, la pomme le péché et les perles la luxure. On note un parti pris d’archaïsme dans la facture, le miroir convexe qui reflète le quatrième côté de la pièce rappelle Van Eyck, un peintre Flamand du XVe siècle, et les costumes sont datés du XVe siècle alors que la peinture est du début du XVIe. Le tableau semble donc renvoyer à une époque plus ancienne et jugée plus honorable.
A voir au 2e étage de l’aile Richelieu dans la salle 9 consacrée à la première moitié du XVIe siècle au Pays Bas.