Les élus de l’ex-majorité ont, en effet, décidé de
boycotter la première session du Conseil général empêchant ainsi l’élection
de son président faute de quorum.
Même si cette mesquinerie ne remet pas en cause l'accession de Mayotte au
statut de département, le moins que l'on puisse dire c'est que cette attitude
ne leur fait pas honneur !
Elle est d’autant plus inadmissible que, lors du référendum pour ou contre
la départementalisation de Mayotte, le "oui" l'avait emporté à 95,2% et que
l’on peut supposer que ce moment était attendu avec impatience par beaucoup
(même s’il y a eu une forte abstention).
Pour autant, cet épisode grotesque ne fait que renforcer mes doutes, déjà
exprimés, sur l’opportunité de faire de cette ile du bout du monde le 101ème
département français.
L’année dernière, quasiment jour pour jour, les Mahorais avaient donc votés
massivement pour devenir un département français. Ce vote intervenait peu de
temps après les troubles en Guadeloupe ce qui m’avait conduit à me demander
s’il était judicieux, les cendres du volcan guadeloupéen à peine froides, de
s’empresser de recréer un contexte identique sinon encore plus problématique
!
Je ne vais pas réécrire l’excellent billet (bien sur) que j’ai commis
l’année dernière sur le sujet et qui rappelait le contexte très particulier
dans lequel évolue Mayotte (voir ici) mais les
observations que j’ai pu faire à l’époque restent tout à fait
valides.
En résumé, on peut dire que Mayotte constitue un relatif ilot de prospérité
au milieu de la pire misère du monde. Rappelons qu’elle se situe entre
Madagascar et le Mozambique et qu’elle appartient à l’archipel des Comores
composé de 4 iles dont elle constitue, et de loin, l’élément le plus attractif,
l’immigration massive qu’elle subit en est la meilleure preuve.
Cette relative aisance, elle la doit à une décision prise en 1974 de rester
dans le rassurant giron français, contrairement à ses consœurs qui firent le
choix de l’indépendance. La décision de 2009 et qui devait se concrétiser
aujourd’hui n’en est que le prolongement logique sinon inéluctable.
Mes remarques de l’époque étaient grosso modo les suivantes.
Tout d’abord, ce n’est pas en faisant de ce territoire un département, que
l’on va transformer radicalement la fragile situation de Mayotte. Son nouveau
statut va simplement sécuriser un peu plus ses habitants notamment par rapport
aux prétentions des Comores et leur permettre de profiter d’avantages
supplémentaires non négligeables (RSA, allocations familiales et autres minimas
sociaux...). En aucun cas elle va transformer sa situation économique que par
euphémisme on qualifiera de peu florissante.
En clair, c’est la métropole qui continuera à porter à bout de bras de
lointain bout de France, sachant qu'il y a fort à parier que ce nouveau statut
n'arrange pas les choses, encourageant plutôt l’assistanat, la fraude aux
allocations et l’immigration massive des populations voisines !
Cette décision est d’autant plus difficile à comprendre, que les évènements
qui ont marqué la Guadeloupe l’année dernière, démontrent qu’on ne peut pas
plaquer sur un territoire et ses habitants situés géographiquement et
culturellement aux antipodes de la métropole, un schéma commun à celui de la
Creuse, des Côtes d’Armor ou du Calvados !
Et sur beaucoup de points, la situation de Mayotte est bien plus difficile
que celle de la Guadeloupe (langue, religion, droit coutumier,
environnement...).
En conséquence, et fort de la fâcheuse expérience guadeloupéenne, il aurait
été opportun de réfléchir au statut le plus approprié pour Mayotte.
Accessoirement, il me semble qu’il eut été républicain et démocratique de poser
la question aux 100 départements français si ils acceptent d’accueillir un
petit frère et dans quelles conditions.
Mais tout cela suppose que l'on sache, d'une part, tirer les leçons du passé et d'autre part ce que démocratie veut dire. Manifestement, Mayotte nous montre qu'on ne sait ni l'un ni l'autre.