Des faits, du sang et des larmes de crocodile !
Quelques faits doivent être pris en considération à propos de l'opération en cours: "Aube d'une Odyssée": les fameux démocrates libyens pour lesquels plus d'une centaine de missiles de croisière ont été lancés de sous-marins à l'esprit républicain, ont pour leader discret un ancien ministre de la justice de Kadhafi: le chef d'état-major d'une armée qui abattait hier vendredi son propre avion dans le ciel de Benghazi,- ce qui par ailleurs nous a appris que le "peuple" qui manifestait pacifiquement avait son aviation-, est aussi ancien ministre de l'Intérieur du dictateur honni par les médiats et les Emirats barheïnicides . C'est ce que nous apprend M. Pierre Beylau dans Le Point. Et qui n'approuverait cet observateur sagace quand il déclare que "le danger est grand de voir la Libye transformée en une nouvelle Somalie"?Au bénéfice de qui? Il suffit de poser la question pour y répondre. Il n'est pas possible de bombarder intensivement pareil pays sans provoquer des morts civiles et des destructions. Surtout que l'opération est en de bonnes mains:"Nous sommes à la pointe de l'opération militaire de la coalition", a dit Bill Gortney directeur de l'état-major interarmes américain. Et pour ceux qui n'ont pas suffisamment entendu le message étoilé: "Ce n'est que la première phase d'une opération qui en comprend plusieurs". Quant à la légitimité de Kadhafi, elle a été restaurée dès l'attaque contre "un véhicule indéterminé", selon l'expression grotesque de notre armée: désormais le choix sera entre être libyen ou être américain. Les gens instruits, nourris au structuralisme, c'est-à-dire qui auront laissé s'étioler leur âme ethnique, sinon leur moi transcendantal, seront nombreux dans le second camp, mais le peuple, plus instinctif, heureusement primaire, se tiendra dans le premier état, celui de sa nature originelle: c'est elle qui mettra les diplomates à la sauce caviar dans un état de traîtrise, et lorsqu'on ouvrira certains charniers, on y trouvera non pas des mercenaires africains selon un bruit répandu par les officines de la Rand Corporation, mais de simples ouvriers que leurs familles pleureront en Afrique noire. On y découvrira, en revanche, une diplomatie secrète de mercenaires politiques, de gens qui sont allés à la soupe anglaise!La Russie tire son épingle du jeu, la patrie de Beethoven aussi! Rira bene che rira ultimo.Pierre Dortiguier