Magazine Cinéma
Propagande belliqueuse et spot publicitaire de 100 millions de dollars, le dernier film de Liebesman (le remake de Massacre à la tronçonneuse) est clairement ce qu’il s’est fait de pire dans le genre ces dix dernières années. Caméra pointée sur un groupe de Marines (Aaron Eckhart, entre autres) dans une base militaire californienne, le réalisateur livre une vision nauséabonde de sa fin du monde, façon jeu vidéo pétaradant- arborant un retard sidéral (et honteux) sur les productions novatrices qu’a offert le grand écran ces derniers temps. La mélancolie écolo d’un Monsters est jetée aux ordures, tout comme le concept original d’un Cloverfield, ou les nuances bienvenues d’un District 9. Ici, Liebesman laisse place à l’abrutissement le plus total, plein de bruit et d’effets spéciaux épuisants, aspirant neurones, réflexions, cinéma dans le gigantesque trou noir de la bêtise. Son seul mot d’ordre ? Tuer, tuer, tuer, encore tuer. Et pour cela, il sort la grosse artillerie. Musique grandiloquente balancée non stop pendant deux heures qui vient rythmer les échanges de tirs ininterrompus d’une intrigue inexistante, patriotisme rance et dégoulinant assumé d’un bout à l’autre, parallèle arriéré entre terrorisme et invasion extraterrestre, apologie du combat et autres réjouissances pleine de subtilité : le carnage est total, parfois risible, souvent idéologiquement insupportable. Certes, le quota d’action est plus que rempli (jusqu’à l’indigestion même !) mais sans le cœur d’un Armageddon ou l’humour d’un Independance Day. Le seul exploit finalement de ce World Invasion là est de faire passer l’apocalypse selon Emmerich pour un chef d’œuvre.
Sortie France: 16 mars 2011.