Magazine Cinéma
Ecrit, produit, réalisé et interprété par Christopher Jaymes, In Memory of my Father est le film indé par excellence, d’ores et déjà à classer parmi la fine fleur du genre. Récompensé au Festival de San Diego notamment, le film raconte un film. Celui de Chris, qui retrace le jour des funérailles de son père. Et, sans surprise mais avec talent, il croque des protagonistes aux caractéristiques habituelles : trentenaires, paumés, hystériques. Des acteurs (Jeremy Sisto de Thirteen, Judy Greer de Jawbreaker) aux références qu’il convoque (la folie d’un Festen notamment), Jaymes transforme son apparent brouillon bordélique en drame tragi-comique ; efficace, troublant, profond. D’un réalisme réjouissant et d’une justesse imparable, le film frappe sur la famille, et gratte le vernis des bienséances.
Ici, les conceptions américaines/catho/conventionnelles qui associent la réussite personnelle à la construction d’un foyer en prennent un coup : on largue sa copine au téléphone, on trompe son mec avec une fille, on couche ensemble à côté d’un cadavre, on s’y drogue, on s’y marre, on hurle, on pleure, on chante des chansons. Un exutoire en pied-de-nez à la mort, joyeusement triste, qui clame ses envies de vie, et son impuissance face aux grandes questions de l’existence : les rapports humains, l’avenir, le sens à donner à tout cela. Le tout exécuté sans temps mort, au cœur d’un procédé ludique de changements (visibles) de caméra- et au son de Belle & Sebastian. Une petite pépite venue de nulle part, en somme.