est svelte
les oreilles percées d’anneaux
plus qu’à une maquerelle
elle fait penser à une gente demoiselle
avec sa robe
longue
elle fait tout avec excès
se chausser
se chauffer
se doper
s’envoyer en l’air
Sandra se penche en avant
de sa chaise
pour attraper la bouteille de Glendale
pour laquelle elle a un penchant
et je guette le moment où elle ira frapper
de la tête dans la poignée
du placard
comme elle tente
d’allumer
une nouvelle cigarette sur
ce qui reste de la précédente
à 32 ans elle raffole
des jeunes gommeux
sans la moindre égratignure
avec des visages lisses
comme des soucoupes neuves
elle ne cesse de me répéter
que pour moi
elle a cassé ses prix
pour que je puisse reluquer
des blondasses à la chair
fraîche
qui
a) s’asseyent
b) se lèvent
c) parlent
à son commandement
quelquefois elle en fait venir une
parfois deux
des fois trois
pour que je puisse
me rincer l’oeil
Sandra est superbe
dans sa robe longue
Sandra pourrait facile briser
le coeur d’un homme
je souhaite qu’elle le
trouve.
Charles Bukowski, Avec les damnés (Run With The Hunted, 1969~1993) ©Editions Grasset pour la traduction française.
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