- Opérations sans succès
Mardi dernier, Naoto Kan, le premier ministre japonais a officiellement déclaré son gouvernement comme étant « en état d’alerte maximale » face à l’ampleur des risques d’accidents nucléaires à Fukushima. 4 des 6 réacteurs sont en piteux état : plus de systèmes de refroidissement viables et des fuites radioactives qui ne cessent de se multiplier à maintenant 20 jours du séisme et du tsunami.
L’objectif est toujours de se focaliser sur le refroidissement des réacteurs nucléaires en fusion. Tous les jours, les équipes de Tepco déversent des tonnes d’eau sur les installations pour tenter de les refroidir, en vain. Pire encore, cette méthode, jugée comme l’ultime solution au problème, induit une pollution des nappes d’eau par les rejets radioactifs émanant directement des opérations de refroidissement. C’est une bataille sans merci auquel est confronté le gouvernement japonais. Pour garantir la sécurité du plus grand nombre et éviter de réitérer les mêmes erreurs, le gouvernement a finalement ordonné, hier, un contrôle urgent de tous les réacteurs nucléaires du pays, qui en compte 50, tous en bord de mer.
- Dangers pour la santé et la biodiversité
Les conséquences pourraient s’avérer désastreuses tant sur le plan sanitaire qu’écologique. Les dernières mesures du taux d’iode radioactif présent dans l’eau de mer ne cessent d’augmenter : une pollution 4385 fois supérieure à la norme légale. Les japonais, pourtant friands de poissons, ont déjà diminué leur consommation, effrayés par les risques que pourraient entraîner une contamination radioactive. De lourds dégâts matériels ont toutefois été dénombrés et contraignent les pêcheurs à rester au port évitant ainsi la pêche au « poisson radioactif ». Cette situation ne durera toutefois pas éternellement.
La même vigilance est à préconiser en ce qui concerne la consommation d’eau du robinet, jugée nocive pour les nourrissons. Par considération du principe de précaution, les japonais envahissent désormais les supermarchés à la recherche de « la bouteille d’eau minérale journalière » (par personne), seuil fixé par le gouvernement pour éviter tout risque de pénurie d’eau au Japon.
De nombreux spécialistes expriment également leur inquiétude face aux risques de pollution des fonds marins du Pacifique, situés aux alentours de l’archipel. Tepco et l’Agence de sûreté nucléaire nippone déclarent que le flux des marées va fortement diminuer l’impact de la radioactivité sur la faune et la flore aquatiques. Et pourtant, il faut bel et bien rester conscient face au danger qui nous guette. Le plutonium, autre substance très nocive pour la Planète et ses habitants, a été décelé par le biais de 5 prélèvements en terre effectués dans l’enceinte de la centrale. Certes, l’impact environnemental ne sera pas d’ordre mondial mais impliquera des bouleversements majeurs au sein des écosystèmes marins japonais pendant de très longues années.
- L’étranger engage son expertise
La pollution des nappes d’eau contrarie fortement la suite des opérations de remise en marche des systèmes de refroidissement des réacteurs. En effet, les techniciens devront pomper cette eau radioactive sans pour autant risquer leur vie en s’exposant à des doses mortelles de radiations. Face à une situation qui se complique et au doute de l’exploitant japonais quant à sa capacité à résoudre le problème, la France et les Etats-Unis qui ont annoncé leur venue en aide au Japon.
Tepco, après son appel à soutien aux grands industriels français, va d’ores et déjà être épaulé par plusieurs experts français, certains du groupe nucléaire Areva et d’autres du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il s’agit là d’une demande d’expertise prononcée, notamment en termes de radioprotection. L’expertise d’Areva a également été sollicitée pour solutionner le problème des nappes d’eau hautement radioactives qui dérangent le travail des techniciens.
L’effort américain est davantage focalisé sur l’apport de technologies très évoluées pour permettre d’accéder sans risque aux coeurs des réacteurs et aux piscines de combustibles usés. Les robots fournis par les Etats-Unis permettent de limiter le temps d’exposition des techniciens de Tepco aux émissions radioactives. Des groupes de travail, composés d’américains et de japonais s’attèlent à cette lourde tâche et ont également permis de mettre en place des transports d’eau douce vers Fukushima, à bord de navires US.
- Avis de Sequovia
La mobilisation est générale face à une situation des plus dramatiques et qui ne cesse de s’aggraver. La passivité de Tepco subjugue et étonne face à l’importance des enjeux auxquels le pays doit faire face : remarquez rien de très surprenant de la part de la principale compagnie d’électricité du pays qui a déjà, à maintes reprises, été accusées de fausses déclarations au regard d’incidents au sein de son parc nucléaire.
Anne Lauvergeon et son équipe d’experts sont arrivées sur place, hier, dans la journée et vont maintenant tenter de venir à bout de cette série de complications qui effraient la planète toute entière. L’intervention « armée » des experts français se veut rassurante pour Tepco, mais qu’en est-il réellement de la question du risque zéro ? Peut-il vraiment être évoqué dans le cadre de l’énergie nucléaire ? Le drame qui se déroule actuellement à Fukushima en apporte assurément la preuve contraire. La situation est devenue dramatique et malgré les efforts il faut bien reconnaître que nous avons réellement perdu pied dans cette course effrénée à la croissance. Les énergies renouvelables s’avèrent opérationnelles pour seconder l’énergie atomique avec en prime un risque zéro pour la sécurité et la santé des citoyens.