Pendant que François Fillon reçoit à Matignon des élus corses en compagnie de Michèle Alliot-Marie pour tenter rien de moins que de recréer "l'établissement d'un climat de confiance", le président de la République consacre son précieux temps à une tâche bien plus capitale pour la France, voire pour l’Europe vu que sa compagne est italienne : faire respecter son droit à l’image et au respect de sa vie privée.
David Martignon a ainsi abandonné temporairement sa campagne municipale à Neuilly-sur-Seine pour reprendre son rôle de porte-parole de l’Elysée (et sans que cela m’émeuve personne, d’une chanteuse de variété sans la moindre fonction officielle à moins de créer un statut de "première concubine de France") pour annoncer que Nicolas Sarkozy et Carla Bruni attaquent Raynair en précisant bien que "pour le président de la République, il s'agit d'une question de principe. Quant à Carla Bruni, c'est son métier, c'est son image. Pour le coup elle subit un préjudice financier". Un argumentaire que leur avocat a repris en référé devant le tribunal : "le président demande un euro, c'est profondément digne. Mme Bruni demande 500 000 fois plus que le président. Elle déclare qu'elle se présente devant vous, M. les juges, comme mannequin et chanteuse, qui gagne beaucoup d'argent". Peut-être la demande symbolique de Nicolas Sarkozy est-elle digne (surtout venant d’un homme qui aime autant l’argent que lui…), mais celle de sa compagne est à la limite de l’indécence puisque Carla Bruni a fait remettre au tribunal une attestation de son agent qui montrerait que ses tarifs en tant que mannequin justifient sa demande.
Face à une telle absence de retenue dans la demande de chanteuse, Ryanair (qui pourtant n’a pas grand à envier au couple présidentiel en matière de mépris des autres, notamment de ses propres employés, dès qu’il s’agit de faire du bénéfice), la prend à son propre jeu en proposant d’offrir 5 000 euros à une association caritative laissée au choix du couple présidentiel. Pour ne pas perdre cette somme (qui reste une aumône au regard de leurs revenus habituels), les Sarkozy-Bruni n’ont plus qu’à déposer au plus vite les statuts de "l’association protectrice des chanteuses sans voix" ou de "l’amicale de sauvegarde des présidents de moins d’un 1,60 m".
Quand on voit l’empressement avec lequel Nicolas Sarkozy défend son droit à l’image, cela devrait donner des idées à Jérôme Kerviel qui bien que toujours officiellement présumé innocent voit sa photo, façon avis de recherche, diffusée sur tous les médias de France… Peut-être que même Carla Bruni pourrait-elle lui conseiller un avocat.