L’autonomie énergétique réunionnaise: vérité ou simulacre politique?

Publié le 31 mars 2011 par Reunionconseil

Pour clôture le dossier sur l’autonomie énergétique à La Réunion, revenons sur plusieurs points :

- Jusqu’en 1981, les centrales hydrauliques suffisaient à répondre à la demande en électricité: 100% hydraulique = 100% EnR. Depuis lors, le taux d’EnR dans la production d’électricité n’a cessé de décroître… Ce qui est la logique inverse d’une volonté d’autonomie énergétique, mais cela est surtout dû à un accroissement non matrisé de la consommation.

- en 2006, les EnR représentaient 36,2% de la production électrique totale. En 2007, les EnR représentaient 35% de la production électrique totale. En 2008, les EnR représentaient 34,2% de la production électrique totale. En 2009, les EnR représentaient 32,5% de la production électrique totale.

- La part de production d’électricité par les EnR a perdu 3,7 pts en 3 années. Cela est bien dû à un accroissement important de la consommation, et à une impossibilité de compenser cette hausse avec les EnR.

- Face à la hausse de la demande électrique et pour s’assurer d’y subvenir, EDF lance, en particulier, un projet d’une nouvelle centrale thermique au Port Est d’une puissance de 220 MW prévue pour 2011.

- De 1980 à 2000, en 20 années, la consommation électrique a quadruplée.

- En 2009, la dépendance énergétique de l’île (importations pour la production électrique et les transports) est à son plus haut niveau depuis 2005, avec 87,1% des ressources d’énergie primaire importées.

- Il ne sert à rien d’accroître aveuglément les EnR: Il faut améliorer en parallèle le stockage de ces énergies intermittente pour s’assurer un équilibre de la production et de la demande en électricité, surtout si l’on recherche à atteindre une production à forte. En juillet 2010, la mise en service d’une batterie de stockage de 7 MW.h (pouvant délivrer une puissance maximale de 1 MW pendant 7 heures) à Saint-André est le premier projet abouti à grande échelle.

- Si l’on souhaite 100% d’autonomie énergétique réalisable, ce qui semble suggérer ne pas avoir nécessairement une production totalement lié aux EnR, il faut trouver une solution pour remplacer les importations de fioul/gazole et de charbon avec des ressources locales, quitte à ce qu’elles soient d’origine non renouvelable.

- Les estimations de l’étude d’installation géothermique haute enthalpie implantée au volcan étaient d’une puissance de 20 MW, soit une production annuelle pouvant être d’environ 70 GW.h. Cela reste donc négligeable fasse à la production des filières fioul/gazole et charbon. (L’unique centrale géothermique française de Bouillante, en Guadeloupe, de puissance 11 MW, couvre 10% de la consommation du département).

- Un autre potentiel, maritime, intègre les énergies marémotrices, houlomotrices, hydroliennes, ou encore l’énergie thermique des mers (liée au gradient thermique des océan). Il faut attendre l’avancée d’études pour savoir ce qu’il peut en ressortir, et donc l’émergence de projets risque de prendre du temps.

- La bagasse a ses limites, à savoir la qualité des campagnes sucrières. Bien qu’elle représente environ 10% de la production électrique, il n’est pas envisageable de produire beaucoup plus que les 300 GW.h que l’on peut soutirer de cette ressource. En outre, plus qu’une énergie intermittente, c’est une énergie saisonnière et donc inadaptée à une consommation annuelle.

Vu ces différents points, l’autonomie énergétique reste malheureusement difficilement envisageable que ce soit via les institutions mises en place par la Région Réunion ou l’Etat (projet Gerri, Prerure, Arer, …)

Sources:
OER (ARER): http://www.arer.org/groupes_projets/oer/oer.php
INSEE: http://www.insee.fr/fr/regions/reunion
EDF REUNION: http://reunion.edf.com/edf-a-la-reunion-49325.html
GERRI: http://reunion.edf.com/edf-a-la-reunion-49325.html
PRERURE: http://www.prerure.org
http://www.photovoltaique.info