Le tigre blanc de Aravind ADIGA

Par Lecturissime

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Attention : chef d’œuvre !

L’auteur :

Aravind Adiga est un journaliste et écrivain indien. Le tigre blanc est son premier roman, il a obtenu le Man Booker Prize en 2008.

L’histoire :

Sous la forme d’une lettre à Wen Jiabao, Premier Ministre de la Chine en visite officielle en Inde à Bangalore, un homme recherché par la police déroule son histoire à la première personne du singulier.
Le tigre blanc c’est lui, Balram Halwai, l’enfant le plus intelligent du village mais d’une extraction si misérable qu’il n’a pu terminer ses études secondaires. Employé dans une de ces innombrables petites échoppes de thé qui essaiment le long des routes du pays, il doit son salut à l’un de ces nouveaux riches qui lui propose de devenir son chauffeur à Delhi.
Et tandis qu’il conduit son maître d’un centre commercial clinquant à un autre, d’un « call center » à un autre, Balram se rend compte des nouvelles immenses richesses et multiples opportunités qui l’entourent et lui rappellent qu’il ne pourra jamais faire partie de cette Inde prospère et rutilante du 21ème siècle, à moins de ... commettre un crime innommable.(Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

-   J’ai découvert ce roman par l’intermédiaire d’un article de Courrier International qui pointait les romans capables de nous révéler plus sûrement qu’un documentaire la réalité d’un pays.(http://www.courrierinternational.com/article/2011/03/11/ces-romans-qui-en-disent-long-sur-la-marche-du-monde) (Article relayé par Zarline, merci à elle) Coïncidence, ce même jour, une collègue s’est précipitée à mon bureau pour me dire qu’elle venait de lire un livre sensationnel, livre qui n’était autre que celui-ci et qu’en plus, elle pouvait me prêter… Je pense donc tout à fait rationnellement qu’il me fallait lire ce roman. Je ne me suis pas trompée, car j’ai découvert un véritable chef d’œuvre

-   Une scène donne le ton de ce roman qui nous éclaire sur l’Inde de façon si lucide et cruelle : un pauvre est refoulé aux portes du centre commercial car il porte des sandales et non pas des chaussures. Il s’indigne alors : «  Quoi ! Je ne suis pas un être humain, moi aussi ? » Les autres chauffeurs, pauvres eux aussi l’observent de loin : « Ce type a des couilles, commenta un des chauffeurs. Si nous étions tous comme ça, c’est nous qui dirigerions le pays et eux qui nous cireraient les bottes. » (p.152)

 

-   Le tigre blanc décrit le quotidien de ces indiens asservis dans « la cage à poules », soumis aux riches et condamnés à rester assujettis à leur pauvreté. Ils ne peuvent pas fuir car dans ce cas les représailles envers les membres de leur famille seraient tellement atroces que « pour cela, il ne faut pas être une personne normale, mais un monstre, un dénaturé. » (p. 179) Leur avenir est tout aussi vain :

« J’étais comme un âne. Tout ce que je pourrais faire, si j’avais des enfants, serait de leur apprendre à devenir des ânes comme moi, et à trimballer les gravats des riches. » (p. 194)

Et pourtant, celui qui se fait appeler « le tigre blanc » va tenter l’impossible…

-   Le récit est rétrospectif, sous forme épistolaire, sa construction est impeccable, pas à pas, le narrateur nous achemine vers sa conclusion, plus efficace que le meilleur des avocats, il nous explique ce qui l’a amené à commettre l’innommable.

« Une révolution indienne ?

Non, monsieur. Cela n’arrivera pas. Les habitants de ce pays attendent toujours que la guerre de libération vienne d’ailleurs : de la jungle, des montagnes, de Chine, du Pakistan. Cela n’arrivera pas. Chaque homme doit accomplir son propre pèlerinage de libération.

Le livre de ta révolution est dans tes tripes, jeune Indien. Chie-le, et lis. » (p.300)

- Un véritable chef d'oeuvre qui nous fait découvrir effectivement l'Inde sous une autre facette, nous entraînant bien loin des clichés de Bollywood... A lire ABSOLUMENT...

Ce que j’ai moins aimé :

-   Rien, absolument rien…

Premières phrases :

« Monsieur le Premier Ministre,

Ni vous ni moi ne parlons anglais, cependant certaines choses ne peuvent se dire que dans cette langue.

L’ex-femme de mon ex-employeur le défunt M. ASHOK, Pinky Madam, m’a appris l’une d’elles. »

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de Vikas Swarup

D’autres avis : Amanda, Papillon, Kathel, Griotte

Merci à Martine pour le prêt.

Le tigre blanc, Aravind ADIGA, traduit de l’anglais par Annick LE GOYAT, Buchet-Chastel, 22 euros

Le tigre blanc, Aravind ADIGA, traduit de l’anglais par Annick LE GOYAT, 10/18, avril 2010, 318 p., 8.20 euros