Dans moins de deux ans à présent, Marseille sera capitale européenne de la culture. Mais de retards en retards, de subventions insuffisantes en désaccords grandissants, la gestation du projet rencontre bien des difficultés.
« Sauf accident ou drame exceptionnel, à mi-parcours, nous pouvons dire que nous serons prêts » a déclaré Renaud Muselier (délégué spécial Marseille capitale européenne 2013) en décembre 2010. Il est vrai qu’en décembre, seuls pouvaient être signalés quelques budgets manquants, un insignifiant manque de visiteurs dans les musées, un léger défaut de coordination et un imperceptible retard dans l’organisation du projet.
Mais depuis quelques semaines, l’optimisme déserte la cité phocéenne. Plusieurs intellectuels marseillais se sont enchainés devant la colonne de la Bastille à Paris pour protester contre l’organisation du projet. Ils dénoncent le « gel des subventions aux petites associations culturelles marseillaises ». Ils regrettent également que les organisateurs du projet ne soient pas des marseillais. La tonalité parisienne du projet s’accorderait-elle mal à l’accent provençal ?
Preuve du malaise, une réorganisation au sein de l’association Marseille-Provence est en cours. Bernard Latarjet a abandonné son poste de directeur général pour celui de conseiller principal du président de l’association. S’il a démenti les rumeurs de démission, le doute s’installe. Le scepticisme s’empare tour à tour des membres du projet. Des conservateurs d’Etat et des directeurs de musées marseillais claquent la porte. L’alliance fragile entre Marseille et Aix-en-Provence, principale partenaire du projet, vacille. Maryse Joissains-Masigni, la maire d’Aix-en-Provence, menace de tout arrêter. La presse locale s’emballe, l’opposition fustige, et la culture, impuissante, subit.
Et pourtant des espoirs surgissent parfois, au détour d’un imprévu, au détour d’une révolution. Le thème central du projet « Marseille-Provence, capitale européenne en 2013 » est la « Méditerranée, le partage des midis ». Le dialogue entre les deux rives étant le fil rouge de la programmation, les organisateurs ont scruté attentivement les évènements de la rive sud de la Méditerranée. Des artistes tunisiens jusqu’alors censurés, pourraient, contre toute attente, participer au projet. Un nouveau souffle. Et le compte à rebours d’ici 2013 se fait un peu moins pesant.
Et si les obstacles sont nombreux, reste que Marseille a une vie culturelle des plus foisonnantes. Réussira-t-elle avec ses partenaires à faire triompher le projet ? Le défi est lancé.