Aujourd'hui, je vais pour parler d'un des plus grands, mais pas
C'est l'histoire d'un petit gitan né dans une roulotte, a Sète, en août 1921, quelques semaines avant Brassens. Premier enfant d'une lignée de huit frères et sœurs, il s'appelle Ricardo Baliardo mais il semblerait que personne ne l'ai jamais appelé autrement que "Le Blond", du fait de ses cheveux clairs et surtout de ses yeux bleus!
Plus tard, il se fera connaitre sous le nom de Manitas de Plata, littéralement "petites mains d'argent", mais plus exactement "doigts de fée".
Pourquoi ? Admirez :
C'est à Montpellier, ville où la famille Baliardo s'est installée en 1932 que se produit un évènement qui bouleversa la vie du petit Ricardo.
Son oncle maternel, Joseph, à peine âgé d'une dizaine d'années de plus que lui, jouait le rôle de protecteur avec l'enfant. Ricardo en avait fait son oncle préféré, d'autant que celui-ci lui laissait toucher son précieux instrument de musique, une belle guitare, lui prodiguant sans compter les méthodes pour en jouer. Ricardo observait et apprenait.
Un jour, Ricardo s'empara de la guitare de l'oncle, qui n'est pas loin et se mis à plaquer des accords, comme par magie.
Quelques jours plus tard, un soir, tandis que la mère du petit préparait le repas, Gustave, son père, apparut une guitare
90 ans plus tard, elle se poursuit. La preuve, il y a quelques mois, à la Feria des Vendanges, à Nîmes :
Chaque année, au cours du pèlerinage gitan des Saintes-Maries de la
La place laissée vacante par la mort de Django, en 1953, ne fut véritablement réoccupée que dix ans plus tard lorsque Manitas de Plata accepta enfin de jouer en public.
Ensuite, les choses iront très vite.
Manitas et son frère Hippolyte, décédé en 2009, formèrent un groupe qui s'appelait Los Baliardos avec leur cousin José Reyes, chanteur, et Manero, chanteur guitariste. Ce sont d'abord des étudiants de Montpellier qui contribuent à faire connaître l'artiste, qui joue dans des soirées. Puis, le groupe est remarqué par le photographe Lucien Clergue, natif d'Arles et ami de Pablo Picasso .
C'est lors d'une exposition de Clergue, à New-York, qu'un admirateur américain reconnu Manitas sur un cliché et s'acharna à le convaincre
Les managers commencèrent à défiler. L'un d'eux offrit un contrat exclusif comprenant trois concerts au Carnegie Hall de New York, en 1965. C'est avec son complice, son cousin chanteur José Reyes (la moustachu à côté de Manitas sur la photo), et en bateau, que Manitas se rend outre-atlantique et fait un tabac sur la mythique scène new-yorkaise.
Voici Manitas et quelques compagnons, 10 ans plus tard :
C'est ainsi qu'ils partirent à la conquête du monde dans les années 60, avec pour tous bagages leur musique et ce tempérament de feu qui fait l'âme gitane. Les amis vont de triomphe en triomphe sur les scènes les plus prestigieuses de tous les continents.
Manitas devient une star presque du jour au lendemain et rencontre les plus grands de ce monde, se produisant devant la reine d'Angleterre ou accompagnant à la guitare Chaplin, qui l'invite chez lui pour des duos privés piano-guitare.
Manitas lors d'une soirée chez Brigitte Bardot à Saint-Tropez :
Le gitan illettré, qui ne sait pas lire une note de musique, conquiert le monde. En mars 1964, un soir de corrida en Arles,
Mais Manitas était surtout l'ami de Salvador Dalí.
C'est notamment grâce à lui que Manitas de Plata, lors d'un séjour aux USA, a rencontré le Secrétaire Général de l'ONU de l'époque, U Thant. Cette rencontre permit l'ouverture de discussions diplomatiques amenant une permanence internationale du monde gitan à l'ONU.
Voici un happening quelque peu "surréaliste" avec Dalí dessinant au son de la guitare de Manitas de Plata et de la voix de José Reyes :
Manitas reste l'artiste du monde flamenco, toutes tendances confondues, qui aura vendu le plus d'albums dans le monde, plus de 93 millions (83
Il est considéré comme le plus grand guitariste flamenco au monde, sauf par les puristes de l'école espagnole, qui critiquent son non-académisme.
Les sommes importantes qu'il a gagnées sont vite dépensées aux tables des casinos. L'homme aux "petites mains d'argent" n'a jamais su, ou voulu, le retenir, cet argent, selon une tradition bien gitane. A son imprésario de l'époque qui lui conseillait d'investir dans des propriétés, il répondait : "La terre, c'est fait pour les morts".
Manitas de Plata vit aujourd'hui très modestement dans un studio à la Grande Motte, tout près de Montpellier. Il y joue de temps en temps à la terrasse d'un bar. Je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de le croiser.
Ses apparitions à la télé sont très rares. Je crois bien que tout le monde l'a oublié, même sa ville d'adoption, Montpellier, qui pour unique hommage a baptisé une allée à son nom, à côté du Zénith, tout de même.
Moi, je ne t'oublie pas Manitas !!!