Avant toute chose, merci à Blog o Book et aux éditions Folio !
"Il était une fois un assassin. Il était une fois une victime. Il était une fois une ville apparemment encline à favoriser leur rencontre. " Que se passerait-il si le cruel Croquemitaine ressuscitait ? Et Dracula ? Et Barbe-Bleue ? Pire encore, imaginons le Chat botté, non plus au service du marquis de Carabas, mais comme un impitoyable serial killer, obsédé par l'infirmité. Et si Blanche-Neige, " lèvres rouges comme la rose, cheveux noirs comme l'ébène, et blanche comme neige ", n'était pas l'innocente que nous présentent les frères Grimm ? Après Les contes de crimes, Pierre Dubois détourne de nouveau les contes de fées. Il nous en offre une version tour à tour drôle et terrifiante, nourrie d'un vocabulaire ensorcelant où l'extrême noirceur se combine au raffinement.
Bon, le parti-pris du livre est clair : réécrire des contes à la sauce noire. Plusieurs sont traités dans ce recueil : Le Chat botté, l’histoire des musiciens de Brême, Barbe-bleue… Pierre Dubois s’attaque aussi à d’autres personnages mythiques de la littérature comme Dracula et Sherlock Holmes.
Au départ, ce principe de base me plaisait beaucoup – j’ai un faible pour les détournements de contes – mais j’ai été très vite déçue. J’avais compris, en lisant des critiques sur Pierre Dubois sur Internet avant de me décider à postuler pour ce partenariat, que cet auteur misait avant tout sur le travail du style et de la langue, ce qui n’était pas pour me déplaire.
Mais c’est justement sur ce point que je n’ai pas adhéré au projet : le style est travaillé avec lourdeur et application, les mêmes ficelles stylistiques reviennent tout le temps – répétitions, jeux sur la synonymie, élision des articles pour « faire proverbe », alexandrins blancs, périphrases à chaque ligne…- et les références se multiplient sans tellement d’intérêt. Autant je vénère les grands stylistes, autant j’ai beaucoup de mal avec le style « artificiel », qui applique toutes les astuces scolaires. Et cela m’a énormément gênée dans ma lecture, que j’ai finalement accélérée car j’avais pratiquement l’impression de lire une copie d’élève, excellente, certes, mais qui ne respirait pas le naturel et surtout, et là je deviens méchante, qui n’avait pas grand’chose à dire ou à faire sentir…
Bref, je n’en jette plus, mais mon histoire avec Pierre Dubois s’arrêtera malheureusement là.