Gimme Some
Startime
Suède
Note : 8/10
par Mathieu Saint-Jean
Déjà un sixième album pour le trio suédois découvert en 2006 grâce à la pièce Young Folks (qui demeure possiblement la pièce la plus accrocheuse des dix dernières années). Sur Gimme Some, le trio nous revient avec des compositions et des mélodies pop qui s’éloignent considérablement de l’approche sombre exploitée sur Living Thing paru en 2009. Le groupe nous donne plutôt l’impression de s’être imprégné de l’énergie post-punk de certains groupes marquants de la fin des années 70. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle choisie sur la plus récente parution des Britanniques The Futureheads (The Chaos, 2010).
En entrevues, les copains se disent toujours surpris par le succès remporté par Writer’s Block (2006) et prétendent n’avoir jamais craint de se faire cataloguer de one-hit wonder. Ce qui peut expliquer la décision ambitieuse de lancer un album instrumental (Seaside Rock, 2008) afin de succéder à Writer’s Block. En raison de ce désir constant de renouvellement qui semble animer le groupe, il était donc évident que nous n’aurions pas droit à la suite de logique Living Thing. À notre plus grand plaisir, Gimme Some se montre abrasif et fortement contagieux. Les trois musiciens semblent s’être amusés en studio. Les nouvelles compositions sont directes et concises. D’où la comparaison évidente (musicalement seulement) avec des formations post-punk telles The Buzzcocks, Gang of Four et Wire. En ce qui concerne les voix, rien de très déconcertant. Les harmonies sont parfaites et les mélodies vous colleront à la tête pour les semaines à venir.
Plus de douze ans se sont écoulés depuis la formation du trio à Stockholm et l’inspiration des trois acolytes semble s’être pleinement canalisée. Pour la première fois de leur carrière, Bjorn Yttling a laissé la responsabilité à un réalisateur de superviser le travail du groupe en studio. Ainsi, ils ont pu éviter de tomber dans une zone de confort, tout en pouvant se concentrer pleinement sur la musique. Le résultat est convaincant puisqu’on y reconnaît le groupe, tout en y associant une toute nouvelle énergie. Le premier simple Second Chance hypnotise dès la première écoute (et la cloche à vache y est pour beaucoup), la guitare de Eyes offre un beau clin d’oeil à Close to Me de The Cure et Don’t Let Them (Cool Off) aurait pu facilement se retrouver sur le nouvel album des Raveonettes (Raven In The Grave, disponible le 4 avril).
Il serait surprenant que le groupe connaisse un quelconque succès avec Gimme Some. La bonne nouvelle est que le trio ne semble pas trop s’en faire avec ce genre de détail. Malgré les divers projets solos qui occupent une place importante dans leur carrière respective, ils prendront toujours le temps de se retrouver en studio pour immortaliser une pop qui leur est si reconnaissable. Une pop intelligente, dont seuls les groupes suédois ont la recette.