Le dromadaire poète, Bluette Staeger

Publié le 31 mars 2011 par Unpeudetao

La paix règne dans le désert,
La chaleur si désaltère,
Son étendue est magistrale,
Le silence ne fait pas scandale,
Même si j'entends un animal.

Douloureusement il blatère,
De quoi souffre ce mammifère ?
On dit qu'il est sentimental.
Pourquoi se fait-il les cordes vocales,
Lui qui paraît si jovial ?

La vitesse d'un de ses adversaires
Vexerait-elle mon dromadaire ?
Lui qui parcourt entre deux escales
Deux cent mille mètres sans mal
Même si au ventre le ronge la faim-valle.

Il habite depuis des millénaires,
Avec le soleil et le sable du désert.
Ses grosses lèvres comme l'orignal
Sont boudeuses et peu banales.
Il est majestueux et amical.

Ses cils traînent presque parterre
Et ses narines ont des paupières.
Ce méhari tacheté au joli poil,
Plein d'humilité, est loyal.
Les épineux le régalent.

Derrière la dune ses congénères
L'attendent pour la prière.
Cette mélancolie qu'il trimballe,
Toute cette poésie qu'il exhale,
Est-ce son état normal ?

C'est un vieux solitaire
Qui n'a rien contre la misère,
Il cherche au loin cet original
Un symbole de justice, un idéal,
Une envie ancestrale.

Dans son ombre débonnaire
Je lis la carte de l'univers.
Sur sa bosse je dépose une percale,
Je m'agrippe et m'installe
Pour faire un tour dans les étoiles.

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